L'île du Docteur Moreau, normalement, c'est cadeau, c'est bonheur. C'est livré avec le mode d'emploi, les piles. Tu donnes ça à n'importe quel bigleux bègue boiteux amnésique et le mec, même en plissant les yeux, à coup sûr, il doit réussir à faire un truc qui se regarde. Sans que ça pique.

Normalement, ça roule tout seul. C'est comme d'offrir un Best Of de Lionel Richie à un type de ta famille puisqu'il est là à Noël mais que tu sais pas trop qui c'est. Parce que tu sais qu'avec un Lionel Richie, surtout avec la crème de l'artiste, tu vas faire un heureux, tu ne peux pas te tromper.

Sauf que le mec, il n'aime pas les moustachus.
Et il est pas de la famille, il est de celle du voisin. Et la flûte de champagne c'est gentil, le manger aussi, les cadeaux tout ça mais il aimerait surtout qu'on aille bouger nos caisses qui coincent sa carriole.
Si, et seulement si, il y a quelqu'un dans cette putain de maison d'assez sobre pour comprendre ce qu'il dit.

Mais là...

Il y a un type avec le regard d'Homer Simpson, ses yeux surtout, comme deux boules de billard pas tout à fait rentrées dans les orbites, qui échoue sur un île pas catholique. Figure toi qu'on n'y mange pas de viande. C'est formellement interdit.

C'est suspect, se dit-il, parce que sur les îles, généralement, ils aiment bien le saucisson. C'est pratique quand il y a blocus. Et le sauciflard, c'est en viande, c'est pas en pissenlit.
Et le poulet boucané, on en fait dans les îles aussi, c'est de la viande blanche, mais ça reste de la bidoche.

Le pauvre Homer ne perd rien pour attendre.

Brando dans sa Moreaumobile. Maquillé comme Bertrand Delanoë, le clown blanc.

Un Brando période Démis «On écrit sur les murs le nom de ceux qu'on aime» Roussos. Sans les poils. Mais avec les mêmes robes.
Le Brando et sa voix de canard pour jouer le Docteur Moreau. C'est cocasse comme idée. Ça ajoute comme une filiation. Le Doc qui faisait des mélanges contre-nature chelous avec de l'être humain et un sanglier, un bouc ou une hyène. Moreau avec une voix de canard. Donald Moreau, c'est rigolo.

Comme c'était pas assez tordant, ils lui ont refilé un mini-me, tout moche pareil mais qui caquette pas.

Et à un moment, Val Kilmer se balade en mini-short, torse nu, têtu. Comme pour dire "Non, mon pote, j'ai pas tout donné dans mon Batman". Il porte aussi un kilt en fumant un bédo. Ou une chemise de bûcheron à motifs «genre écossais», j'ai pas bien vu, nouée autour de la taille comme Axl Rose le faisait jadis. Quand il avait une taille.

Kilmer imite Brando en faisant comme s'il avait un bec.
C'est pour dire qu'il n'y a pas qu'à moi qu'il fait cet effet le gros Marlon.

Coin coin.

C'est comme un énorme foutage de gueule, c'est plus laid que le cul d'une nonne.
Il y a ce réalisateur vieillissant, John Frankhensteinheimer, habitué des projets casse-gueule, appelé à la rescousse suite au départ de Richard Stanley jugé dépassé pour le projet par des producteurs inspirés, un Brando avec oreillette qui se fait réciter son texte, un Val Kilmer égal à lui-même, c'est à dire proche du néant, et des effets spéciaux oscillant entre le passable et le gênant.

Un foirage de dingue.
DjeeVanCleef
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le 6 janv. 2014

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DjeeVanCleef

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