L'Extravagant Mr Deeds par Maqroll
Ce film fait partie d’une série prestigieuse (Mr. Smith au Sénat, Vous ne l’emporterez pas avec vous, La vie est belle) à la gloire de l’Amérique rooseveltienne et de ses valeurs démocratiques de liberté et de tolérance. C’est certes parfois plus roublard et démagogique qu’autre chose mais on marche… tout simplement parce que Capra lui-même marchait… et toute l’Amérique avec lui, avec une adhésion aveugle au « rêve américain ». Au temps d’Obama et de la crise économique chronique entraînant une remise en question profonde de ce mode de société, il est plus qu’intéressant de se replonger dans ce qu’elle était à l’époque où elle était incontestée. Par ailleurs, le propos de Capra est toujours sensiblement le même : comment un homme seul, animé des valeurs héritées d’Abraham Lincoln, va finalement arriver à triompher d’une multitude hostile liée contre lui, tout cela avec une candeur extrême et l’aide d’une jolie femme que le destin a placé sur sa route (ici Jean Arthur). Gary Cooper prouve une fois de plus qu’il est un fabuleux acteur en faux-vrai naïf se jouant finalement de toutes les embûches, armé de son seul cornet à piston... Tous les seconds rôles sont prodigieux, de George Bancroft à l’impayable H.B. Warner dans le rôle du juge. La réalisation de Capra est, comme toujours, parfaite. Un chef d’œuvre de bon goût et d’intelligence.