L'OPERA (15,4) (Jean-Stéphane, SUI, 2017, 110min) :


Un passionnant documentaire au sein du prestigieux Opéra de Paris sur plus d'une saison de spectacles. Le réalisateur déjà auteur du remarquable Cleveland contre Wall Street (2010) et du pertinent L'expérience Blocher (2013) revient avec un long métrage après avoir passé deux ans en immersion totale dans les coulisses de cette grande institution culturelle. La mise en scène toujours à bonnes distances se concentre, en fil rouge, sur quelques personnalités emblématiques. On suit avec (trop?) de bienveillance le nouveau directeur de l'Opéra Stéphane Lissner toujours à l'écoute et dont on découvre sous couvert de politique une vraie volonté d'ouverture sociale, de démocratisation (discussions sincères sur le prix des places), et une vraie maîtrise de ce "Grand paquebot" dur à bouger. La caméra s'attarde également sur Benjamin Millepied démissionnaire et éphémère directeur de la danse, car manquant d'épanouissement artistique, le jeune baryton-basse russe Mikhail Timoshenko à la foi candide, garçon curieux et touchant, car en train de vivre son rêve. Le metteur en cène s'attarde également sur le chef d'orchestre Philippe Jordan, heureux dans la transmission et de toutes les répétitions sans oublier l'émouvante section "les petits violons" composés d'élèves d'une classe de CM2 en ZEP. Le réalisateur avec acuité nous montre également l'Opéra comme une ruche composée de multiples petites mains (maquilleuses, couturiers, perruquiers, repasseuses, décorateurs, techniciens, régisseurs...) travaillant d'arrache-pied derrière le rideau. Les conflits internes, les choix et idées de programmations, les présentations des petits rats, les répétitions de ballets classiques ou d'opéra lyriques, grèves contre la loi El Khomri, et l'horrible épisode poignant après les attaques terroriste du 13 novembre 2015, parsèment cette œuvre riche et dense. Ce film sobre à la narration exhaustive orchestré subtilement pêche malgré tout parfois par un manque de pédagogie quant à l'identité de tous les intervenants, si on est pas familier de ce monde là. Une chronique structurée par un montage assez habile en plusieurs actes accompagné par de somptueux morceaux de musique classique (Berlioz, Ligeti, Verdi, Mozart...). "Une entrée dans un monde magique" comme l'indique la marraine et mécène Ursula Naccache de l'ensemble "Les petits violons" où la comédie humaine célèbre une déclaration d'amour à l'effort (notamment une séquence inédite d'une danseuse de ballet littéralement à bout de souffle), du partage et de ce lieu où l'art est placé au-dessus de tout. Venez vivre une incursion rare, grâce à L'Opéra. Beau. Précieux. Instructif. Vibrant.

seb2046
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le 21 avr. 2017

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