Pas de doute : Tran Anh Hung est un esthète, et tout est beau dans cette « Ballade de l'Impossible ». D'ailleurs, je reconnais avoir été réceptif durant le premier tiers, touché qu'un cinéaste puisse mettre autant de grâce et de virtuosité dans sa mise en scène. Hélas, ce que n'a pas bien compris l'ami Tran, c'est que le talent n'est pas à mettre qu'au service de la réalisation, mais aussi de l'histoire et du rythme. Or, de ce point de vue, c'est le désert... Cela me fait mal au coeur de ne mettre qu'une maigre étoile à un cinéaste aussi sensible, à l'image de ces deux héros à fleur de peau. Mais je me suis tellement ennuyé pendant plus d'un heure que je ne peux faire autrement. Il ne se passe rien (ou presque), alors que les personnages avaient pourtant su montrer un vrai intérêt, une vraie personnalité au début de l'oeuvre, ce qui rend l'échec encore plus dur à avaler pour le spectateur. C'est simple, loin du beau mélo espéré, nous n'avons droit qu'à un summum de contemplation, certes très agréable pour les yeux, mais quand même bien assommant niveau récit. C'est d'autant plus dommage que les quelques moments où le réalisateur se donne la peine de filmer les angoisses et les interrogations du couple, l’œuvre gagne tout de suite en intensité (comme c'est bizarre...). Bref, un film où l'on ressent autant de talent pour un résultat aussi ennuyeux, c'est triste et j'espère sincèrement que Tran Anh Hung saura mettre par la suite son bel univers visuel au service d'un long-métrage digne de ce nom.