Il y a des films découverts enfants qui perdent tout leur intérêt une fois adulte, parce que trop superficiels ou trop mal animés. Et il y a des films qui demeurent toujours aussi merveilleux, et même, nous paraissent encore plus réussis et enchanteurs qu'au temps de notre enfance. "La Belle et le Clochard" est de ceux là.


Ce n'est pourtant pas le film au scénario le plus original. Au contraire, la trame est terriblement simple. Se concentrant exclusivement sur le ressenti de Lady, une jeune chienne adoptée par une famille aisée, d'abord dans sa vie sans nuages, puis lors de l'arrivée du bébé, et enfin lors de sa fugue et sa rencontre avec le Clochard, le scénario assumera totalement son histoir d'amour. Le scénario n'a pas de grands enjeux. Mais tout l'intérêt de la Belle et le Clochard se situe, au delà de son histoire prise seule, au niveau de la manière dont l'histoire est racontée. En effet, si l'histoire ne démarre que tardivement, je ne ressens pas d'ennui devant la longue introduction de l'héroine. Comme dans des films du Studio Ghibli, le quotidien est magnifié ici par une mise en scène travaillée et le charisme des personnages (même s'il s'agit d'un quotidien de chiens). Non seulement, toute l'action est vue à hauteur de chiens, les humains n'apparaissant que très rarement entièrement, ce qui nous plonge aussitôt dans une relation d'empathie avec Lady et nous place du côté de la gente canine, mais de plus, nous avons affaire à la beauté du format choisi, le Cinémascope, permettant des décors larges et souvent aérés et plaisants. J'ai eu un petit coup de coeur pour ces décors apaisants, pastels, qui à eux seuls donnent une empreinte unique au film, décrivant une petite ville avec douceur, confirmant que le principal sentiment mis en avant ici sera la tendresse. L'animation des personnages est également une réussite. Les animaux sont ainsi dans la même veine que ceux de Bambi, par conséquent, un mélange savamment dosé de réalisme dans les postures et l'apparence et d'anthropomorphisme dans les sentiments et leur expression.


Le plaisir de la Belle et le Clochard se trouve également dans le traitement de l'histoire d'amour, bien loin de la guimauve des oeuvres antérieures. Alors certes, la aussi, les heros tombent amoureux en dix secondes, là aussi, on a affaire à une relation entre deux êtes issus d'une classe sociale différente, mais ici, Lady est une femelle parfaitement capable de tenir tête à son bourreau des coeurs de Clochard (d'ailleurs, il est amusant de constater que les femelles sont bien plus actives que les femmes chez Disney, du moins à cette époque...). Et si le romantisme est présent, il est extremement plaisant, au point que nous arrivons à croire entièrement à une romance entre deux chiens ! La scène mythique du plat de spaghettis renvoie bien cette idée. Cette scène charme, mais n'est pas du tout niaise, on y croit et on adhère. Un tour de force ! Enfin, le film altèrne constamment entre scènes charmantes et douces, scénes déchirantes (la fourrière...), action (la dernière partie) et humour sympathique, ce qui nous entraine dans un tourbillon d'émotions sans que l'ennui n'ai de place.


Une autre réussite se situe ensuite dans la galerie de personnages, tous reussis. Lady, bien sur, est un archétype de jeune fille de bonne famille, douce et gentille, mais qui n'en assume pas moins ses choix et qui se laisse rarement faire ! Le vent qu'elle faut subir au Clochard suffisant à démontrer sa force de caractère. Le Clochard, justement, est lui un chien des rues plus fripon que mauvais, un chien qui dissimule un grand coeur sous ses airs joueurs et ses habitudes de coureur de jupons. Les autres personnages sont tous réussis, bien que plus secondaires, que ce soient Jock et César en passant par Peg et les affreux siamois.


En fait, la seule chose que je peux reprocher à La Belle et le Clochard, c'est sa musique, somme toute oubliable. En réalité, les chansons s'en sortent tout de même mieux, mais on est pas forcémment dans ce qu'il s'est fait de mieux dans le studio.


Le plaisir que je prends à revoir La Belle et le Clochard me surprend moi-même, tant il est décuplé par rapport à mon enfance. Beau film empli de tendresse et de doux sentiments, sans scènes lourdes ni superflues, je ne peux que conseiller de le revoir. C'est, encore une fois, un Disney qui n'est pas que pour les enfants !

Presci1508
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le 6 sept. 2016

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