C'est la première fois dans l'histoire du cinéma français qu'un film critique un président encore en activité. Enfin, en activité, c'est vite dit justement. Celui-ci s'ouvre sur un Nicolas Sarkozy désemparé, enfoncé dans son fauteuil, son alliance à la main, en pleine réflexion. Flashback : Nous sommes en 2001, Nicolas Sarkozy prépare sa montée en puissance, ses passages d'un ministère à l'autre, sa domination à l'UMP et, surtout, la présidence. On y voit un Villepin faux-cul comme pas deux, un Chirac fin limier, mais vite trahis, des "Sarko-Boys" à mourir de rire de ridicule et surtout... Cecilia Sarkozy.
À vouloir conquérir l'amour et le pouvoir, Nicolas Sarkozy va en laisser un des deux en chemin. Nous savons tous lequel, mais ce film nous le montre d'une façon plus romancée et plus humaine que n'importe quel tabloïd. Qu'on aime ou pas ce président de la République, il n'en reste pas moins un homme en proie à des doutes, des démons intérieurs bien exploités par ce film. Mais ce n'est pas tout.
S'inspirant de citations célèbres des différents protagonistes du film, de certaines "messes basses" et faisant aussi un peu dans l'invention intelligente, le réalisateur dépeint un Nicolas Sarkozy hors du commun, qui ne se fond clairement pas dans la masse des autres hommes politiques. Il a du franc-parler, il n'hésite pas à rembarrer les gens qu'ils pensent peu sincères et en soi, cela en fait un personnage aussi insupportable qu'irrésistible.
Que dire de la prestation des acteurs, si ce n'est qu'on frôle le génie ? Nous avons de bons acteurs en France et ce film nous le rappelle. Les mimiques célèbres, les intonations de voix, les gestes corporels, tout y est finement reproduit. On reconnait de suite chaque personnage, au point que cela puisse en devenir aussi troublant. Comme avec un des derniers films de Zemeckis (Pole Express, Scrooge) ou avec le jeu vidéo L.A Noire, le réalisme est tel qu'il en est presque effrayant, mais surtout très intrigant.
La Conquête a des défauts. Certains diront qu'il ne prend jamais parti, personnellement je pense que c'est une qualité. Par contre on notera une réalisation un peu fauchée qui ne permet aucun grand plan (les scènes de foules ne dépassent pas la vingtaine de figurants) et peut-être une fin franchement trop rapidement montée. Néanmoins, l'histoire est bonne, les personnages sont forcément issus du théâtre dans leur façon d'avancer dans l'histoire et même la musique très inspirés du Cirque, des grands spectacles grandiloquents que le film met en scène sous le nom de "meeting politique", tire son épingle du jeu. Une très bonne surprise !