Première image du film, l'avertissement qu'il s'agit ici d'une oeuvre de fiction. C'est l'aspect le plus complexe de ce film, entre la reconstitution d'évènements encore si proches et la nature fictionnelle de l'histoire. Nécessairement romancée, reconstituée, réinterprétée.

Et en parlant d'interprétation, les critiques ont beaucoup commenté le choix des acteurs, puisque incarnant des personnages politiques extrêmement bien connus, très médiatisés et pour la plupart encore dans le paysage politique.
Denis Podalydès est juste, tout comme l'est Florence Pernel qui incarne Cécilia Sarkozy.

Les rôles donc, et les dialogues.
Pas un mot qui ne compte pas. Pas une réplique qui ne cherche à faire sens, à faire mouche.
Dans certaines situations, réussies, il y a comme un échos des "Tontons Flingueurs" (lapidez-moi, je vous en prie), dans les prophéties avortées, les confessions d'alcôves.
Ces milieux politiques qui grouillent de petites vanités, de vengeances mesquines, de rivalités plus ou moins ouvertes, d'alliances d'intérêt et de raisons bien trop humaines. Ces milieux politiques ont la même ambiance que la pègre à la langue bien pendue de Lautner et Audiart. A tout le moins, ils en ont le potentiel. Mais ces brèves étincelles sont rares.
Dans d'autres situations, moins heureuses, les dialogues ont la lourdeur d'un vaudeville théatral, retransmis à la télé un dimanche après-midi.

L'histoire, enfin.
Elle commence avec l'arrivée de Sarkozy à l'Intérieur. Elle s'attache à ses pas, et à sa nature. A ses deux amours : son ambition, et sa femme. C'est à dire, lui-même, et elle, bouée de secours d'un être en chute libre.
Le couple mange l'écran, laissant à part famille, journalistes et opposants politiques. C'est avant et envers tout la meute, les sarkoboys qui occupent le scénario. Sarkozy qui parasite l'image, encore et toujours, comme il a bouffé l'actualité française de son omniprésence.

Pas une image de la gauche ou des autres camps politiques (Le Pen, Royal, Bay... Ah non, pas Bayrou en fait. Ne sont jamais qu'évoqués), ce sont les mécanismes du pouvoir en place : au sein du gouvernement (un peu), du parti. Et surtout le coeur du pouvoir, le triangle que forment Chirac, Villepin & Sarkozy.
C'est donc un film en vase clos. Un film entre le feutré des ministères & les plages, scènes de représentation pour journalistes. Qui se noie aussi, dans les foules (seuls moment ou l'on voit les électeurs). Qui s'enferme dans des cabinets de réunion encombrés de caméras. La politique comme un théâtre?
Ce ne sont pas les enjeux politiques que cherche à creuser le film, c'est un homme, une ambition. C'est un portrait dressé. Mais dans quel but?

L'on retiendra à tout le moins, et comme beaucoup, qu'il s'agit d'un premier pas pour le cinéma français. Qu'il en appelle d'autres. Pour le meilleur et pour le pire.
Loocie
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le 24 mai 2011

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