La conquête est un portrait de Monsieur le président de la République. Portait partiel, certes, choisi, romancé et très découpé. Mais devant cette stature omniprésente médiatiquement depuis une dizaine d'années (déjà), devant cet figurine pleine de rage, carriériste à en faire pâlir le moins scrupuleux des golden boy de la politique (pléonasme), la caméra nous emmène dans les failles d'un homme plus que dans celles d'un système. Un homme décris au travers de ses relations personnelle (son épouse d'alors) ou professionnelle (Chirac, Villepin, son équipe de campagne, etc.).
Face à un Chirac en perte de crédibilité (fin de mandat très effacée) et en quête délicate (Affaire Clearstream) de son successeur, Podalydès est excellent de complexité. Oui, il imite, mais sans jamais caricaturer la caricature. Et c'est troublant. A la fin du film, on oublierait presque la fiction. Podalydès serait Sarkozy, et inversement. Tout y est : la gestuelle hystérique, le ton de la voix faussement calme, les talonnettes, la Rolex, le bling-bling, les coups de colère en équipe, etc.
On plonge au coeur de l'attitude d'un homme qui se permet tous les coups bas mais en reçoit autant. Un homme trahis qui trahit à son tour. Un homme qui devait sa force à l'encouragement de sa femme mais qui reste profondément blessé par cette dernière. Ses faire-valoir sont étonnants de cynisme et d'ambition (Michel Bompoil en Guaino puant de cynisme faussement inoffensif). Florence Pernel est magistral en Cécilia perdue devant la réalité de son époux.