Une crème à 30% de matière grise
La prostitution est un commerce. Lucratif. Et les trois lascars qui ont décidé de monter un réseau en interne de leur prestigieuse école l'ont bien compris.
Le décor est planté. Kim Chapiron va donc filmer le parcours de ces trois individus, se servant de leurs notions pompeuses de techniques commerciales pour trouver une certaine légitimité à leur activité illégale.
Si le récit se tient et qu'il a le mérite d'allier facteurs sociaux et sociétaux par le biais de l'humour, il faut avouer que l'ensemble est un peu plat. Chapiron a l'habitude de nous servir du cru, du brut, depuis Kourtrajmé. Un style qui ne l'a pas empêché d'être assez brouillon pour son premier long-métrage. Mais il faut avouer que "Dog Pound" avait le mérite de traiter assez intelligemment la violence.
"La crème de la crème" s'est vendu comme un film assez "trash", "no limite". Ce ne sont pas des critères que je retiens forcément pour une réalisation, mais là je dois avouer que la promesse n'est pas tenue. Tout est assez soft, plutôt léger. On est à la limite de la comédie gentillette. De fait, seul les thèmes de la prostitution et de la décadence juvénile servent d'alibis.
Ce n'est pas pour autant que le film est vide. Mais aucune séquence ne marque ou ne donne à réfléchir.
Le réel intérêt du film se porte sur un élément annexe, représenté par le personnage de Kelly. La jolie Alice Isaaz arrive à donner une dimension assez mystérieuse à son rôle. De fait, on suit le parcours de cette jeune étudiante, sans forcément cerner ses motivations et ses réelles intentions.
Un questionnement qui perdra toute sa valeur avec la dernière scène du film, s'exposant soit comme un WTF, soit comme une unité dramatique isolée.
"Ok, tout ça pour ça !?" : voilà ce que je me suis dit en sortant de la salle. Un film sympa, mais très vite oublié.
On est loin du claquement de porte brutal et saisissant à la fin de "Dog Pound"...