Nathalie (Mme Audrey Tautou) a perdu son mari, il y a trois ans, et se réfugie dans le travail, afin d’échapper, dans la journée, à son souvenir entêtant. Elle passe ainsi pour austère, tout en générant autour d’elle une forme de compassion. Néanmoins, malgré sa forte nostalgie et son important et accaparant devoir de deuil, elle finit par tomber sous le charme des attentions de Markus (M. François Damiens), certes un peu gauche, mais touchant.
L’écrivain se sert ici lui-même pour adapter son propre film, et ce fut pour cela que j’en ai beaucoup attendu. J’avais beaucoup apprécié le roman, très fin et sensible sur la disparition d’un être cher et la cristallisation du lien amoureux. Aussi me suis-je naturellement rué voir le film, mais, m’étant moi-même construit mon monde de représentation de cette histoire, je me suis fatalement exposé à un risque de déception, qui est advenu. Comme l’auteur restait à la manœuvre, j’ai pris cet élément d’information comme un gage de fidélité. Or, ça n’a pas vraiment marché. J’ai eu du mal à percevoir suffisamment Mme Audrey Tautou dans la gravité, qui a certes eu le courage de sortir de sa zone de confort. J’aurais plus imaginé des actrices comme Mmes Juliette Binoche, Isabelle Carré, Charlotte Gainsbourg ou Nina Morante : c’est le risque inhérent de la lecture préalable à la projection. Quant à M. François Damiens, s’il interprète certes la fragilité et la gaucherie masculines, j’ai trouvé qu’il sur-jouait. J’aurais visualisé, à sa place, MM. Stanislas Mehrar, Benoît Magimel ou Christopher Thompson. Il en est ressorti que tout sonnait faux, que cette comédie dramatique et sentimentale était passé au crible de quelque chose d’un tantinet burlesque, en tout cas humoristique, qui m’est apparu hors sujet. J’en suis inévitablement sorti déçu.