"Nous aimons nous repaître de ceux qui aimeraient nous soumettre"

Formidable adaptation de la série inspirée par les personnages créés par Charles Addams dans les années 30.

Le film surprend par le panache et la qualité de sa mise en scène : Barry Sonnenfeld (c’est son premier film en tant que réalisateur) a parsemé son film de trouvailles hilarantes et d’effets très efficaces. Le scénario est à la fois très audacieux, mais également "grand public" au sens noble de l’expression : c’est un film "familial" qui parvient à combiner des délires adultes et une folie très puérile, tout en restant à la portée des plus jeunes par sa dimension macabre et caricaturale.
On entre dans ce film comme dans un parc d’attractions : il y a énormément de choses à regarder et à expérimenter à la fois. Notre appétit de spectateur est éveillé par le côté excessif et cru des premières scènes : elles révèlent un univers étrange, inconnu et qui répond à sa propre logique (les Addams ne réalisent jamais leur bizarrerie, car ils ne la vivent pas comme telle ; les vrais "monstres" sont les gens "normaux" qui gravitent autour de cette famille).

Le casting est absolument parfait : Anjelica Huston (Morticia), Judith Malina (sa mère) et surtout Raul Julia (Gomez) sont exceptionnels. Ce-dernier livre une composition d’anthologie, flamboyante et d’une démesure totalement contrôlée. Il y a une folie fascinante dans son regard, qui révèle aussi un véritable plaisir de jouer.

Le film nous montre des choses absurdes et grotesques, mais traitées avec la maîtrise, le savoir-faire et le premier degré qui sied à ce type de spectacle (le film n’est jamais parodique ou méprisant vis-à-vis de ses personnages : le regard que l’on pose sur eux est toujours amusé mais jamais supérieur).

Les scènes mémorables se suivent et ne se ressemblent pas : la vente de charité (où Morticia et Gomez enchérissent à tour de rôle sur l’objet qu’ils ont eux-mêmes donné à l’hôtel des ventes, un magnifique "piège à doigts de l’époque de l’Empereur Wu"), le spectacle de l’école, où l’on voit les enfants Addams, Mercredi et Pugsley, interpréter une pièce médiévale, ou encore la visite nocturne au cimetière familial, et bien évidemment la Mamushka…Une succession de séquences désopilantes qui bénéficient d’un soin particulier apporté à la musique (composée par Marc Shaiman), la photo ( elle est signée Owen Roizman) et les costumes (de Ruth Myers).

Une suite intitulée « Les Valeurs de la Famille Addams », sortie en 1993, est encore plus drôle que ce premier opus.

Note : « La Famille Addams » fait partie de ces rares films qui bénéficient d’un doublage français excellent…La V.O. n’est donc pas obligatoire.

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le 16 nov. 2012

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Frankoix

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