La Femme Scorpion par Doctor Lou
Sans doute l'un des sous-genres de l'exploitation répondant aux instincts les plus bas, le "WIP" (women in prison) est donc généralement une façon économique de voir des femmes à poil, du lesbianisme plus ou moins forcé et des sévices plus ou moins costauds et plus ou moins sexuels en 1h30 et en toute impunité. Loin d'être une ode au féminisme donc, ce sous-genre à succès (!) fut souvent exploité par les plus vils tâcherons avant qu'ils ne finissent dans la case tout aussi peu reluisante mais lucrative du porno.
Reste que cette Femme Scorpion, qui répond pourtant à toutes les scènes obligées et attendues du genre, n'est pas qu'un "WIP", c'est aussi et surtout un putain de "Rape and Revenge". Or ce sous-genre là, bien que souvent racoleur dans son approche du viol et réactionnaire par son côté revanchard, est bien plus tourné vers une figure féminine forte - du moins dans la 2e partie - ce qui, pour le coup, est assez en contradiction avec l'autre sous-genre utilisé ici.
Comment donc se sortir de ce paradoxe ? En jouant les deux cartes à fond ! Se démarquant de fait,du reste de la production, La Femme Scorpion crée une nouvelle figure charismatique du girl power.
Ainsi, on a clairement une jolie vitrine "WIP" qui touche surtout les personnages secondaires qui ne ratent jamais une occasion pour être nus, sur laquelle on a apposé un gros autocollant "Rape and Revenge" dans lequel officie la ténébreuse, presque muette et pudique Matsu. Pas étonnant que Tarantino se soit nourri de ce personnage, ainsi que de celui de Lady Snowblood (toujours avec Meiko Kaji) pour construire son diptyque Kill Bill.
Contre tout attente, c'est donc à un film puissamment féministe auquel nous avons affaire, et bien qu'il brosse largement dans le sens du poil le public érotomane de base, les mecs vont prendre cher.
Plutôt lent dans son traitement, bien que jamais ennuyeux grâce aux différents défis que l'héroïne devra affronter (course poursuite, brutalités, brûlures, travaux forcés, trahisons...), le film est totalement porté par son actrice principale, son apparente froideur et son regard impressionnant. Doté d'une force mentale et d'une endurance incroyable, et guidée par son obsession de vengeance - justifiée - on est littéralement sous le charme.
Le second volet arrive même à être encore meilleur.
Notons que la Femme Scorpion, c'est 6 films et des suites/remakes dans les 90's, mais on peut aisément se contenter des trois premiers réalisé par Shunya Ito.
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