ATTENTION SPOILERS !


Après l’immense succès du premier film et de L’Homme invisible, Universal donne carte blanche à James Whale pour cette suite.


La Fiancée de Frankenstein se situe juste après la fin du précédent film, la créature a survécu à la destruction du moulin, avec plusieurs brûlures sur le corps. Elle voyage à travers le pays et rencontre diverses personnes qui ont toutes peurs de lui, sauf un aveugle. Le monstre va développer la parole et ressentir plus d’émotions. Un excellent scénario plus profond que le précédent et plus proche du roman de Shelley dont la figure apparaît alors dans un prologue où elle est incarnée par Elsa Lanchester, et est accompagnée par Percy Shelley et Lord Byron. Rendre la créature compréhensive avec des mots m’a beaucoup plus.


Le monstre est curieux de tout dans le film, il veut également se faire accepter par les gens « normaux ». Une excellente évolution par rapport au premier film. Boris Karloff revient dans la peau du monstre, il est toujours aussi incroyable. Karloff ayant pris du poids depuis le premier film, le physique de la créature change mais reste incontournable.


Le Dr Henry Frankenstein est affaibli suite à son affrontement avec la créature dans le moulin. Le Dr. Pretorius va le pousser à créer une femme pour le monstre, d’abord réticent Frankenstein va accepter. La performance de Colin Clive est bonne, mais on sent qu’il sous joue parfois. Il renforce l’affaiblissement du personnage mais aussi l’alcoolisme personnel de l’acteur.


Elizabeth Frankenstein s’inquiète pour la santé de son mari, elle sert d’otage pour que Henry créé la fiancée pour le monstre. L’actrice a changé, ici c’est Valerie Hobson qui incarne Elizabeth, elle joue bien.


Le Dr Prestorius est un excentrique obsédé par la science et adepte de la magie noire, connaissant les capacités et la réputation de Frankenstein, il le pousse à créer une femme pour la créature et d’ailleurs c’est lui qui donne l’idée au monstre. En utilisant des méthodes discutables, il arrive à ses fins. Ernest Thesiger, le mentor du réalisateur, incarne avec brio cet étrange personnage. Anecdote : le rôle a été créé par James Whale lui-même, est devait être incarné par Claude Rains, l’interprète de L’Homme invisible.


Mary Shelley, l’auteur du roman d’origine revient sur les événements du premier film et propose de narrer la suite à Percy et Lord Byron. L’un d’eux dit : « Comment une histoire avec des bouts de cadavres, peut sortir d’un visage aussi doux » (quelque chose comme ça). Shelley est incarné par Elsa Lanchester, qui hérite de deux rôles, ici elle est crédible est naturelle.


Esla Lanchester incarne également la fameuse fiancée (Bride) du titre. La créature venant juste d’être créé, elle grogne pour transmettre ses émotions (comme dans le précédent film), et est terrifiée par l’apparence de son penchant masculin. Lanchester est parfaite et crédible dans le rôle, elle forme un joli duo monstrueux avec Karloff. Rajoutons à ça, sa longue coiffure iconique avec un éclair blanc de chaque côté de son crâne et sa gestuelle lente.


Lord Byron écoute l’histoire de Shelley. Gavin Gordon est bon.


Percy Shelley fait la fameuse remarque à Mary Shelley (voir plus haut où je parle de Mary Shelley) et écoute son histoire pendant une nuit d’orage. Douglas Walton forme un joli trio avec Gavin Gordon et Esla Lanchester. Il est crédible.


Minnie est la comique relief du film : une voix et un cri insupportable, des réactions jamais drôles. Un personnage détestable. Una O’Connor est ironiquement parfaite dans le rôle. Whale là sans doute choisis pour leur collaboration dans le film L’Homme invisible, où elle jouait Mme Jenny Hall, une aubergiste.


Karl est le serviteur du dr. Pretorius et de Henry Frankenstein, il tue une jeune fille pour obtenir un coeur destiné au monstre féminin. Whale séduit par le jeux de Dwight Frye, le réengage malgré la mort de son personnage dans le précédent film, il incarne un autre rôle mais proche. Il est crédible, en même tant il a la tête de l’emploi.


L’ermite aveugle accueil la créature pensant qu’il s’agit d’un homme égaré et affamé. Se rendant compte que la créature est simplette, il lui apprend à prononcer des mots et à comprendre leurs significations : l’alcool, la cigarette et la musique, c’est bon (Good !). Il lui apprend ce qu’est le pain, ou encore que le feu, n’est pas bon (Not Good), une réfléxion de la créature elle-même. Des scènes fidèles au roman de Mary Shelley. O.P. Heggie est excellent dans le rôle.


Mes scènes préférés : la scène avec les bocaux de Prestorius renfermant des petits personnages, les scènes avec l’aveugle et la créature, et la naissance de la fiancée.


La réalisation de James Whale est impeccable, il se permet des plans complexes qui renforcent le gigantisme des lieux où le quotidien des personnages, les gros plans sont également présents.


Les décors sont impressionnants entre les arbres, les maisons, les instruments scientifiques et le cimetière gothique. Les costumes sont toujours aussi travaillés et représentatifs des personnages.


Le maquillage est toujours créé par Jack Pierce, cette fois il doit maquiller non pas un, mais deux acteurs. Karloff a un maquillage fidèle au premier film bien que légèrement différent : des cheveux brûlés et des cicatrices, pour rendre logique la présence du monstre pendant la destruction du moulin. Le maquillage de Lanchester est très sobre mais efficace : coiffure imposante et stylisée, une blouse blanche et des bandelettes sur les bras.


Les effets spéciaux sont excellents pour l’époque, il y a bien entendu les éclairs et autres profondeur de champ avec des décors peints. Mais la scène la plus surprenante reste celle où Prestorius révèle ses expériences : des petits personnages miniatures dans des bocaux. Un des personnages sort et interagit parfaitement avec le réel. Un effet avant-gardiste et impressionnant pour les années 30.


2 ans après le succès de King Kong, Max Steiner a réinventé la musique de film, devenu maintenant un opéra complet. Franz Waxman s’inspire de cette approche pour composer la musique de La fiancée de Frankenstein. Sa composition est excellente chaque personnage à un thème qui lui est dédié. Le thème de la fiancée est très féminin et lyrique. Un excellent travaille pour Waxman.


La Fiancée de Frankenstein est une suite supérieure en tout point au premier film et je vous le recommande !

Tigroux56
9

Créée

le 11 févr. 2019

Critique lue 147 fois

Tigroux56

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