Je reconnais les qualités indéniables de La fille au bracelet qui retrace le procès d'une adolescente accusée du meurtre de sa meilleure amie. Réalisme extrême, interprétations surprenantes et sans jugements, ce deuxième long-métrage de Stéphane Demoustier plonge le spectateur dans un doute profond, sans avoir recours à des flash-backs ou des scènes d'intimité porteuses d'indices. Le mystère demeure jusqu'à la fin, offrant alors un regard neutre sur la justice française et sur la jeunesse débridée d'aujourd'hui. La question de la culpabilité se pose en permanence, laissant alors le spectateur se faire sa propre idée. Très simplement, le film se veut assez déroutant par son huis-clos au sein du tribunal et par le comportement contradictoire et ambigu de son anti-héroïne interprétée par l'étonnante Mélissa Guers. Face à elle, on retrouve Roschdy Zem et Chiara Mastroianni en parents brisés et Annie Mercier et Anaïs Demoustier en juges implacables. A petit pas, le procès avance, exposant une série de faits et de discours centrée autour de ce meurtre. Ce petit thriller judiciaire se regarde sans déplaisir grâce au suspense qui s'en dégage mais manque quand même de piment cinématographique pour convaincre totalement. A défaut d'être palpitant par ses rebondissements, La fille au bracelet revêt une forme didactique qui plaira aux férus d'énigmes, mais pour ma part, ça s'arrête là. Sa neutralité, se répandant jusque dans une mise en scène figée, m'a perdu par moment, donnant presque l'impression de regarder un docu-fiction. Et les personnages judiciaires manquent à mon gout de nuances, de couleurs, de regards. Bien ficelé, certes, mais trop factuel.