Alors qu'au début des années 50, Akira Kurosawa connaît un énorme succès avec Vivre (1952) et Rashomon (1954), la fin de la décennie sera un peu plus compliqué avec trois semi échecs au box office dont Le Château de l'araignée et Vivre de la peur (1957). Avec La Forteresse cachée, tourné dans des conditions compliqués et qui sort un an après, le réalisateur va connaître le plus gros succès de sa carrière à ce moment-là.


Dans le Japon féodale, alors qu'une guerre oppose deux clans rivaux, deux paysans, Tahei et Matashichi, qui cherchent à rentrer chez eux, vont trouver de l'or dans une vieille branche d'arbre. En chasse pour trouver un trésor, ils vont être surpris par un homme, Rokurota Makabe qui va les amener à une forteresse dissimulée dans une montagne...


Remarquable film d'aventure, La Forteresse cachée l'est d'abord par sa réalisation. Kurosawa en grand orfèvre de la caméra enchaîne les moments de bravoure avec ses personnages, autant dans le montage que dans la composition de ses plans (le début du film en est l'exemple parfait ainsi que le duel à la lance) qui sont maîtrisés à la perfection. De même, l'ambiance joue beaucoup du fait d'un tournage en décor naturel, dans les montagnes, permettant de magnifiques séquences mémorables. Si le scénario est au final classique (aller d'un point A à un point B) c'est sa mise en scène et notamment le traitement de ses personnages qui rend le film si passionnant.


Kurosawa joue avant tout la carte de l'humour dans ce film, incarné par les deux paysans Tahei et Matashichi tellement stupides qu'ils réussissent bien souvent faire de mauvais choix qui conduisent à des quiproquos et amènent le danger alors que tout allait bien. Rokurota Makabe, incarné par l'excellent Toshiro Mifune, est le samouraï qui va au-devant du danger et prêt à tout pour la vie de la princesse. Celle-ci d'ailleurs, incarnée par Misa Uehara, actrice débutante imposé par le réalisateur et qui sera pratiquement le seul grand rôle de sa carrière, est cette jeune femme d'apparence fragile dissimulant sa véritable identité en feignant le mutisme. Toute les armes du film sont là: la ruse, la manipulation et beaucoup de stratégie amènent au fur et à mesure les enjeux du film et sont bien plus fort que l'utilisation de la force.


Oeuvre passionnante à la fois drôle, profondément humaniste, brillante dans sa mise en scène, qui en a influencé plus d'un (George Lucas, es-tu là?), La Forteresse cachée se doit d'être vu par ceux qui veulent aborder Kurosawa avec facilité et légèreté.

Davilon
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le 19 janv. 2018

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Davilon

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