D’abord, il y eut Ray Harryhausen, puis vint Phil Tippett, et entre-temps s’imposèrent les briques Lego. Parallèlement, il y eut le spectateur ébahi devant un train entrant en gare, le gamin fasciné par les premiers G.I. Joe, et l’ado fatigué par les effets spéciaux. Mais il y eut surtout ce phénomène qui ressemble autant à une fission qu’à une fusion, et qui ressemble avant tout à l’apparition d’un univers spiralaire, où films et jouets et jeux sont séparés par une frontière poreuse. Et c’est au cœur de cet univers qu’ont commencé à se multiplier des œuvres qui n’étaient pas seulement référentielles, et même l’idée qu’il était possible de passer du « se faire un film avec ses figurines » au « faire un film avec des figurines », ce qui marcha d’ailleurs si bien que Batman et Ninjago furent l’objet de suites qui n’en étaient pas.


Il faut d’abord franchir la barrière des chansons, pop à en être fluo et peut-être voulues comme tel mais peut-être pas autant, pour se demander à quel point ce flottement a pu compromettre l’ensemble du projet, qui s’emboîte pourtant sur le premier volet en développant autour du carambolage des univers masculin et féminin. L’ennui, c’est que Systar est aussi genré qu’un rayon de jouets pour filles dans un supermarché, et que la règle de la rigidité des figurines hors du monde enfantin est brisée, qui plus est pour permettre un retour dans le temps encore plus gênant. La narration superposée pour toucher deux publics à la fois n’y gagne rien, et le début à la Mad Max ou la référence à Jurassic World et autres citations superflues ne suffiront pas aux adultes, d’autant que le propos revient à dire qu’il faut ouvrir son cœur ou ne jamais changer. Et si Batman est bien là en s’imposant presque trop, il finit par porter du blanc à paillettes, comme si le bric-à-brac né de la rencontre des univers Lego et des licences et de l’adolescence ne faisait plus sens, ou pas assez pour tenir sur la durée.


Pour public averti (et qui n’a pas vu Toy story) : The Lego movie 2: The second part (2019) de Mike Mitchell (dont le meilleur film n’est pas l’un de ceux qu’il a dirigés, mais sans doute Monsters vs. aliens ou Megamind, dans lesquels il se contentait d’ailleurs de doubler un personnage inconnu), avec les voix d’Elizabeth Banks (à laquelle on souhaite bon courage après avoir appris qu’elle allait succéder à Bill Murray et Bernie Mac dans le rôle de Bosley pour le prochain Charlie’s angels) et Chris Pratt (qui confirme qu’il a dû se passer quelque chose chez les mères ayant choisi le prénom Chris pour leur fils dans les années 1970-80)


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Adelme
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le 20 févr. 2019

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