Si c'est la guerre, je sais pas, mais les étoiles point trop n'en faut !

Je ne fais pas de synopsis, j'attaque directement dans le lard.


La première demi heure est uniquement portée par les épaules de 6PO (ou Z6PO), robot doré reluisant à forme humaine. Il parle trop, il traduit les bruits de son compagnon, un robot court sur pattes à forme de poubelle nommé D2R2, il nous sort un "Loué soit le grand concepteur", il est à côté de la plaque face aux événements et il a une gestuelle inénarrable : rapide dans le mouvement et lent dans la distance. Ici, une chorégraphie s'impose : "Je suis 6PO, je suis un grand traducteur-interprète, unique parmi la Voie Lactée, je connais toutes les langues. Je suis rapide dans le mouvement et lent dans la distance." Vous sautillez sur place frénétiquement en vous appuyant lourdement et presque en vous déséquilibrant sur une jambe puis l'autre.
Le début du film, c'est pourri de chez pourri. On n'est pas pris par le suspense, ni même par la tension. L'entrée en scène de Darth Vador est calamiteuse. Il n'a pas de réel charisme, bien qu'il soit grand, que sa couleur noire fasse contraste avec son armée et qu'il ait cette respiration artificielle. Il prend un homme par la gorge, le soulève du sol, mais ça ne fait pas d'impact visuel. Néant absolu.
Cerise sur le gâteau, on a affaire à des débiles. En effet, on assiste au début du film à une capture d'un vaisseau spatial rebelle par une troupe dirigée par le méchant Darth Vador. Ils voient une capsule qui s'échappe pendant l'assaut, ils font : "Oh pas la peine de tirer, il n'y a pas d'humain à bord." Puis ils passent l'info à Darth Vador dont on a peut-être cherché à faire croire aux spectateurs qu'il était dangereusement intelligent, puisque Darth Vador dit que ce vaisseau doit contenir les plans volés par la rébellion. On nous met d'emblée face à la banalisation des robots humanoïdes. Les robots fonctionnent comme des humains, certains peuvent parler, mais Darth Vador et ses sbires ils n'ont pas l'air au courant : "ouais, non, euh, c'est rien, il n'y a pas d'humain dans la capsule". Il faudrait presque qu'un spectateur les interpelle et leur explique que dans cet univers il y a des robots autonomes doués de parole !? Darth Vador demande donc d'aller récupérer la capsule. Une patrouille y va, s'étonne qu'il y ait des empreintes de pas, mais ils ne sont même pas foutus de rattraper les dieux de la lenteur que sont les robots D2R2 et Z6PO perdus dans un désert de sable, puis dans un monde aride de petits cailloux. Les deux robots sont vendus sur un marché le lendemain de leur capture, puis ils vivent dans une ferme, celle de celui qui va devenir le héros principal, Luke Skywalker, mais non l'armée de Darth Vador ne les retrouve pas. OK, d'accord ! Super efficacité galactique !
Je ne vous résume pas ce qui se passe ensuite, l'Empire c'est les rois de la traque mollassonne...
Je reviens en arrière dans le film. La princesse Leia a un visage particulièrement disgracieux, tuméfié avec du rouge à lèvres, lorsqu'elle apparaît à l'écran. On a une scène de ralenti incroyable, elle voit les ennemis, les ennemis la voient, elle réfléchit plusieurs secondes, elle prend son arme, elle ajuste un ennemi, elle tire dessus, on a une chute sur le cul dans un jeu d'acteur sans aucun doute mémorable, les ennemis accordent un instant supplémentaire de surprise, ils tirent à leur tour, la princesse Leia quitte sa "cachette", s'enfuit à deux à l'heure dos à l'ennemi pour on ne sait quelle raison, se fait tirer dessus. Elle se retrouve allongée comme une sotte. C'est un tir paralysant, ouf elle est vivante, mais prisonnière. C'est un film pour enfants ? Qu'est-ce que c'est que cette direction d'acteurs ? La suite le laisse nettement penser avec la scène de D2R2 sur une planète avec des sortes d'ewoks qui le traquent et le capturent. Dommage, car l'idée d'une rencontre entre la technologie d'un robot autonome et un peuple primitif aurait pu faire quelque chose d'intéressant. Le peuple un peu primitif connaît tout de même la technologie, ils sont devenus des petits mercenaires. Le côté film pour enfants se prolonge tout de même quand on voit les autres profils de robots prisonniers. Ils se sont dits que D2R2 ne ressemblait pas assez à une poubelle, donc ils font un autre genre de D2R2, mais surtout encore à côté ils nous font un gros container sur pattes. Je n'ai pas cherché à comprendre l'imaginaire de la nécessité technologique d'une telle création.
Je le regarde en VF, donc c'est peut-être à nuancer, mais on a une mauvaise impression de téléfilm de la fin des années 70 et du début des années 80 qu'on regarde en s'ennuyant à l'heure du goûter le dimanche après-midi, c'est un peu trop relax pour être épique tout ça. La faute en est à la fois à la VF et au jeu des acteurs, à la mise en scène peu esthétique avec des angles de vue plats au possible et des conversations qui sont à la limite sur les choux et les carottes.
Cette partie introductrice a d'autres défauts très lourds de mise en place de sa mythologie et de la relation entre Obiwan et Luke. La princesse Leia (je ne parlerai même pas du foreshadowing sur ses origines) envoie D2R2 un peu hasardeusement, puisque s'il ne s'est pas fait prendre, c'est juste que l'Empire est très con. Ce D2R2 est acheté, le hasard fait bien les choses, par le fils qui l'ignore d'un ancien jedi plus proche ami d'Obiwan et ce fils connaît lui-même Obiwan personnellement. On pourrait freiner les coïncidences et tenter une reprise en main. Pensez-vous ? Luke et D2R2 lui-même, même s'il avait l'air de savoir où il allait, rencontrent par hasard Obiwan qui les sauve de justesse de la mort. Allez ! Passons encore là-dessus ! Mais, on a droit à une discussion où incidemment Obiwan apprend que D2R2 le cherchait, et tout aussi incidemment Obiwan se réjouit du coup d'avoir sous la main le fils de son copain jedi. On met tout de suite le spectateur au courant : ce fils n'a rien fait, mais c'est le dieu du pilotage, même s'il ne fait que travailler à la ferme. Obiwan lui dit de devenir un jedi en découvrant le pouvoir de la Force et l'invite à l'accompagner pour aller sauver la princesse. Mais, putain ! C'était difficile de dire qu'Obiwan avait fait exprès de sauver le fils d'un jedi assassiné, quand tous les jedis avaient d'ailleurs été assassinés par un traître. Obiwan se cache et il cache le fils d'un ancien jedi. Non, au lieu de ça, on a un enfant et un papy qui se revoient, qui font la causette, puis comme si de rien n'était le vieux explique des vérités sur le passé et qu'opportunément le jeune déjà dans l'histoire a de quoi en devenir le centre. C'est débile ! Si Obiwan vit à côté de chez Luke et si les deux se rencontrent, dans la tête d'un scénariste, c'est parce que le vieux veille sur le jeune et le voit comme un espoir. Mais qu'est-ce que c'est que ce traitement débile des trousseaux de coïncidences qui font tenir le scénario ? Vous avez des problèmes mentaux à Lucasfilm ou quoi ?
Puis, à 33 minutes, on a l'autre ancien jedi qui nous sort l'arme noble du civilisé, un sabre laser, ok d'accord civilisé ! Je dis n'importe quoi sans sourciller pourvu que ça passe, il jette ça dans les mains de Luke Skywalker qui n'est pas censé savoir ce que c'est ni en avoir jamais eu dans les mains. On ne lui explique rien, il appuie sur le bouton, avec le vieux à dix centimètres, il en sort une épée bleue, et il la manie, il fend l'air, sous le nez des autres. D'ailleurs, le montage est mal fait, parce que quand le rayon apparaît il devrait transpercé Obi-wan Kenobi. Mais bon on n'est pas à ça près. "Les nouveaux pistolets lasers sont moins précis", nous dit en VF l'Obiwan des carpettes, pendant que Luke qui manque de cluques balance le sabre-laser dans toutes les directions. L'image prouve que ce qui est dit est con. Un sabre ne peut pas être plus précis qu'un pistolet, le sabre ne tire pas, il se manie ! Et en prime, imaginez comment on peut aller loin avec une épée à la lame fluorescente....


J'étais décidé à rester à trois étoiles, mais j'accorde une étoile de plus car j'ai bien aimé le concept de la mort d'Obiwan Kenobi qui regarde Luke, se retourne vers Vador qui ne réagit pas ("foreshadowing" comme on dit), puis il se laisse tuer, ce qui évite à Luke de se disperser dans les actions et de rater sa fuite en essayant de le sauver, puis après on a un autre plan intéressant, il a survécu sous une forme spirituelle, une voix veillant désormais sur Luke. Ma quatrième étoile ne tient qu'à ce point bien traité pour une fois.
Avant de parler de mon hésitation et refus d'une cinquième étoile au sujet de l'étoile noire, il faut parler de l'action. Déjà, une bonne partie du film, c'est très mou avec des conversations et des déplacements qui n'ont rien de captivant. Les moments censés être forts sont très gaminous. Le bar ambiance avec tous les extraterrestres de type invraisemblable, mouais. Il y a bien parfois quelques réussites esthétiques, le vaisseau qui a inspiré un engin de Yajirobe à l'auteur de Dragon Ball et juste avant l'espèce de mammouth déformé. Le jeu d'Harrison Ford est bon, Carrie Fisher, elle, n'est pas photogénique avec ses joues, tout ça. Le doublage français fait un peu trop salon de thé, mais la voix qui double Harrison Ford, autrement dit Han Solo, assure. C'est ça de sauvé.
Pour l'action, il y a des gags, ce n'est pas qu'épique, mais même si on évalue la prestation en considérant que l'humour était voulu, on a quand même du scénario assez pauvre et assez con. Un sketch à rebondissements de Benny Hill est aussi bien écrit et les gags font plus rire.
On a la Princesse Leia qui est prisonnière, on menace de détruire une planète sous ses yeux si elle ne dit pas où se cache la résistance, elle avoue un mensonge pour gagner du temps, tandis que l'autre lui fait le coup de détruire la planète maintenant qu'elle est passée aux aveux, il apprend un peu plus tard qu'elle aussi avait menti en ne livrant qu'une vieille cachette abandonnée. C'est un enchaînement de feintes à deux balles et le gros méchant réagit dans une série pour enfants de huit ans : "elle m'a menti, elle m'a menti". Darth Vador qui n'en impose jamais dans cet épisode de lancement cinéma de la saga lui sort : "Je vous l'avais dit, hein ! Je vous l'avais dit!" C'est craignos ! A la fin de l'épisode, Darth Vador n'est pas mort, mais il virevolte dans un engin dont il a perdu le contrôle : il est grotesque du début jusqu'à la fin.
A un moment donné, la version française m'a fait tiquer dans un choix de traduction d'une parole de Darth Vador : "Je subodore quelque chose" pour dire qu'il sent ou pressent la présence d'Obiwan Kenobi, "subodore" c'est pas possible que ce soit le meilleur choix.
La libération de Léia et l'évasion, c'est aussi du Benny Hill en moins bon avec les râles de la princesse, les saillies de Han Solo et la scène de séduction de Luke pour convaincre Han Solo d'aller sauver la princesse. Personne ne surveille la salle de l'aimant magnétique pour empêcher la fuite éventuelle du vaisseau capturé : Obiwan Kenobi y va furtivement sans problème, fait son affaire sans problème. Pour le plan de Chewbacca, faux prisonnier, on peut accepter que D2R2 a étudié les lieux, sait qu'il y a des prisons, mais outre que Chewbacca fait trop film pour enfants on a un scénario cent fois plus optimiste encore qu'un James Bond, ce qui n'est pas peu dire, les gars passent avec un prisonnier devant tout le monde, et personne ne s'en étonne...
Les héros s'enfuient, on les a laissés fuir pour les suivre, ok, ça explique tout, ok d'accord on a l'épique et le fromage comme ça. Ils ont eu du mal à survivre, il y a eu un carnage d'ennemis, des tonnes de tirs qui ne sont pas passés loin, un manque de lucidité qui, à un moment donné, n'exploite même pas l'interstice d'une porte qui s'entrouvre pour tirer dans les pieds de Luke et Leia, mais on les a laissés s'enfuir, c'est pour ça. Et quand Leia explique à Han Solo qu'on les a laissés s'enfuir, ils parlent de la vitesse de son engin, il n'a pas compris qu'il y a un micro sur le vaisseau, comme nos héros ne pensent pas à faire une escale et à changer de vaisseau pour supprimer le problème de l'émetteur dissimulé dans l'appareil. Enfin, bref !
Au début de la fuite, on a eu un bon passage de combat dans l'espace avec les sièges de Han Solo et Luke Skywalker qui bougeaient, on regrette juste que ce ne soit pas un prétexte pour appuyer sur la précision de tir qui monterait en flèche de Skywalker vu qu'on est censés considérer qu'il tend à mieux connaître la puissance mystique dite de "la Force".
Sitôt arrivés dans le camp rebelle, les plans de la Lune noire sont analysés, on trouve de suite une faille à exploiter dans les secondes qui suivent.
Bref, on passe au plan de la destruction de l'étoile de la mort (la Lune noire c'est plutôt dans Goldorak) et on n'a pas le temps de dégager de la base, donc c'est une course contre la montre. Ce combat contre l'étoile de la mort aurait pu être palpitant, il n'en est rien. Le combat que j'ai évoqué avec les sièges qui bougent était mieux conçu. Là, les effets spéciaux ont mal vieilli. Les lasers longs et lents rectilignes, ça ne le fait pas du tout. Les écrans, bon, ben, c'est l'époque qui veut ça. Mais, surtout, il ne faut pas mentir dans ces scènes-là. On ne doit pas nous montrer un couloir étroit dans lequel des tourelles de défense installées tirent sur nos héros sans jamais les toucher. Ces tourelles sont d'ailleurs censées soit tirer sur l'ennemi, soit tirer dans l'espace pour ne pas porter atteinte à la structure. Stratégiquement, il s'agissait de faire un tir au centre du couloir ou des tirs qui partent du sol vers le haut. De toute façon, dans ce couloir, les tirs des tourelles au sol ne peuvent manquer leurs cibles. Or, elles ratent systématiquement. C'est les engins en l'air qui réussissent à buter l'escadron des héros. C'est tellement invraisemblable que ça me sort de l'action, bien évidemment ! Soit on faisait le couloir sans les tirs des tourelles, soit on faisait pas de couloir et des tirs avec des héros cherchant les angles morts. Là, ce que j'ai vu (je l'avais vu il y a des décennies ce film, mais peu importe, je n'étais déjà pas très fan), c'est de la merde ! Donc non impossible d'accorder une étoile au scénario pourtant original et prometteur sur le papier de l'affrontement avec une Lune artificielle. Ce n'était pas bon. Point barre !
J'allais oublier ! Outre qu'un vaisseau a tiré sur la tête de D2R2 qui s'en sort avec juste le crâne robotique fracassé (les tirs sont censés détruire des vaisseaux, mais bon !), on a une scène sortie de nulle part. Un tir ennemi touche le vaisseau de Luke, mais comme c'est le héros le tir n'a rien eu de décisif, mais tenez-vous les côtes, voici la réplique de Luke : "J'ai été touché, mais ce n'est pas grave (???), d'ailleurs, D2R2 prends ton bras qui te sert de clef à mollette et répare-moi ça tout de suite !" Le scénariste du film ou l'auteur des dialogues, personne ne pouvait avant la finalisation du montage leur expliquer en quoi consiste une réparation ?
On peut rire avec les coiffures de la princesse Leia, l'habit de Darth Vador, mais on a aussi une cérémonie finale avec des habits très typés mode de 77 pour Luke Skywalker et Harrison Ford. C'est les costumes les plus ridicules du film à égalité avec les casques paniers à salade qu'on voit au tout début et à quelques autres moments dans l'étoile de la mort.
Puis, malgré 2001 L'Odyssée de l'espace on ignore superbement l'absence de bruit dans l'espace... Les premières images : piouw piouw, piuou piou piouw, piou piouw...
Cette saga est énormément surestimée.

davidson
4
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le 6 août 2020

Critique lue 205 fois

davidson

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