La fourmilière humaine

J'ai découvert ce film dont j'ignorais jusqu'à ce jour l'existence environ un an après avoir lu le livre éponyme. Mes souvenirs du récit de Wells restent assez frais, et l'adaptation de Spielberg fait montre d'une fidélité remarquable à l'œuvre en question. Même si l'ouvrage se déroulait dans le contexte du 19ème siècle et que le long métrage se veut contemporain, l'histoire demeure en tous points similaire et nous conte l'inexorable destruction de l'humanité par une race d'êtres supérieurs.

Ce qui fait l'originalité de ce blockbuster, c'est la fatalité qui tourbillonne autour des personnages principaux pendant sa quasi-totalité, laissant peu de place à l'espoir et au retournement de situation : une famille déchirée fuyant une mort imminente. Si l'on peut s'attendre à la conclusion du film, l'essentiel de celui-ci ne reflète que drame et désolation. La mort de l'être humain devient banale, ordinaire, comme un enfant qui met le pied sur une fourmilière pour s'amuser. La fragilité de l'homme est ici exposée sans concession.

J'ajouterai que pour un film datant de 16 ans, les effets spéciaux n'ont rien à rougir de ce qui peut se faire actuellement. La qualité de mise en scène de Spielberg nous fait ressentir le gigantisme de ces monstrueuses machines et nous renvoie à notre propre faiblesse. Certains plans séquences sont particulièrement à couper le souffle. Enfin, le rythme du film est soutenu pendant deux heures plutôt intenses et ne se perd à aucun moment dans des scènes de dialogues factices pour essayer d'expliciter logiquement la situation, un travers souvent commun à ce genre de films. La relation de famille brisée qui unit les protagonistes reste classique mais efficace sans constituer pour autant le cœur du scénario.

On espère seulement que si des extraterrestres existent, ils seront quand même plus sympas.