La ligne rouge, est l'adaptation d'un roman de James Jones, écrivain célèbre qui avait accouché de "Tant qu'il y a aura des hommes."
Le titre original était nettement moins poétique, puisque le roman s'appelait "Mourir ou crever". Titre nettement moins vendeur, il faut l'admettre, mais aussi nettement plus proche de la réalité du roman.
Surgit donc Terrence Malick, qui s'offre donc l'adaptation du roman pour son retour au cinéma après 20 années de silence. Pour la petite histoire, une horde de comédien célèbre se rueront pour être caster dans le film, mais au final, ce sont un paquet d'inconnus qui seront retenus pour les rôles principaux, à l'exception bien entendu, de Sean Penn et de Nick Nolte, quelques autres pointures surgiront ici et là (Travolta, Clooney, Cusack) mais ça tiens plus du caméo qu'autre chose. Mais on reconnaît ici les débuts hollywoodiens d'Adrien Brody,
Et force est de constater que ce choix de Malick est plutôt adéquat. La ligne rouge n'est pas un film sur des héros, la ligne rouge, comme le roman original, est un film sur des hommes ordinaires, des troufions ordinaires qui n'ont rien de glamour et même pas le bon goût d'être des Rangers comme les p'tits gars de Spielberg.
Mais revenons au film.
Ici, le sujet du film est donc ces hommes perdu dans ce conflit qui manifestement les dépassent. Ils y survivent ou ils y meurent de façon plus ou moins délibérée, plus ou moins héroïque. Et chacun d'entre eux tentent de gérer le conflit, comment il les change en tant qu'individu, physiquement et psychologiquement.
Pourtant, la ligne rouge est une étrange adaptation dans le sens ou il change le caractère de certains personnages : Witts, l'un des protagonistes principaux, est dans le livre, un raciste fini, mais comme dans le film, il tente d'être là pour ses camarades, pourtant, il connaîtra une fin bien différente dans les deux œuvres.
Des personnages sont fusionnés, certains passages sont accélérés où carrément éliminés, et certains restent fidèles à l'oeuvre original, et finalement Malick décide d'articuler son oeuvre principalement autour du rapport entre Witts et le sergent Welsh, là ou Jones avait fait un roman chorale, même si Malick garde une vue d'ensemble de la compagnie.
Au niveau des images, c'est très beau, très lumineux. Beaucoup de jeux de lumière, qui retransmettent tout le côté "mystique", mais aussi la nature, belle ou cruelle existant tout autour des hommes.
Le jeux des acteurs est en général phénoménal, il n'y a a peu prêt rien à jeter à ce niveau a part un ou deux moment de cabotinage, surtout dans la VF. En fait, pour faire court, le film est presque parfait, même sa longueur sensible me semble justifiée pour rendre le sentiment d'infinis ennuis que peuvent éprouver les hommes à la guerre.
J'ai un gros faible pour la musique de Hans Zimmer qui livre ici l'une de ses meilleurs BO avec celle de Gladiator. Une bande son tantôt contemplative, tantôt tendue, mais toujours teintée de mélancolie.
La différence, finalement, est plutôt dans le ton : là ou Jones avait un ton clinique et dépourvu de sentimentalisme, Malick lui à une vision bien plus spirituelle et philosophique. Pourtant, les deux visions sont pertinentes, et on se surprend à penser qu'il s'agit des mêmes événements interpréter au travers du prisme de deux esprit différents.
Le plus surprenant cependant, c'est que le message final demeure : celui de l'âme humaine, dont surgit à la fois le pire et le meilleur, et de la confrontation entre ces deux facettes de l'homme, au milieu d'un univers poursuivant sa course, indifférent aux affres de la condition humaine.