Quand j’étais petit, le mot « machine » avait encore cette senteur folle d’électricité liquide qui a porté La Mouche ou Retour vers le futur. Écrasés par l’hypermodernisme, le mot et le film sont devenus assez ridicules, mais cette impression m’a guidé sur le chemin du voyage dans le temps.


Quasiment la version française de L’Expérience interdite, La Machine utilise les codes de l’horreur ; une lumière hésitante jette sur les personnages des angles épatants qui aiguisent ces acteurs déjà projetés une première fois en-dehors de leurs habitudes : Depardieu en psychiatre dont la voix off nous tartine d’un vocabulaire qui essaye d’avoir la classe, Baye dans un rôle hélas mal écrit d’aimante compréhensive jusqu’à la sottise, Bourdon dramatique.


Ce style horrifique est comme un passage du film sous un filtre, tout comme Tarkovsky a traité la pellicule de Stalker à différentes températures. Ce chaud et froid américanisant de Dupeyron oscille un peu trop pour ne pas tomber dans un giallo raté où le macabre perd toute sa force, se reposant sur ses lauriers quand la vacuité qui Baye aux corneilles tente de se remplir elle-même. Les acteurs ont une bonne raison de jouer plusieurs rôles, et compensent – par leur expertise à cet exercice – les passages immémorables, pas vraiment mauvais mais juste insipides.


Le socle de science-fiction est le prétexte à qualifier le film de démodé, mais sa prise de position plus draculesque que cronenbergienne suffit à faire des pupilles luisant dans le noir et du problème à trois corps les deux piliers de son intérêt.


Quantième Art

EowynCwper
5
Écrit par

Créée

le 11 avr. 2019

Critique lue 341 fois

2 j'aime

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 341 fois

2

D'autres avis sur La Machine

La Machine
EowynCwper
5

Critique de La Machine par Eowyn Cwper

Quand j’étais petit, le mot « machine » avait encore cette senteur folle d’électricité liquide qui a porté La Mouche ou Retour vers le futur. Écrasés par l’hypermodernisme, le mot et le film sont...

le 11 avr. 2019

2 j'aime

La Machine
Caine78
6

Critique de La Machine par Caine78

Sur un sujet similaire à celui de « Volte-Face », François Dupeyron réalise trois ans avant John Woo un film inférieur à celui du cinéaste chinois, mais qui ne démérite pas pour autant. Le scénario...

le 1 avr. 2018

2 j'aime

4

La Machine
Alligator
4

Critique de La Machine par Alligator

J'avais oublié ce petit film. Pourtant doté d'une histoire sur le papier bougrement intéressante. Et d'un casting tout aussi salivant. Et puis finalement, la magie ne prend pas. On peine à croire en...

le 5 janv. 2013

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime