La Magie Méliès par Bung

Si il y a bien un Maître du cinéma que j'aimerais bien rencontrer, c'est bien Georges Méliès, aka "J'ai une idée par image et les effets spéciaux numériques, c'est surfait".

Alors parmi les petits défauts qui "tuent" un peu le documentaire, c'est bien son côté "pipolisation" et sa structure un peu bâtarde. Pour la pipolisation, c'est le côté "Méliès était un grand homme, un génie blablabla" un peu rébarbative même si pas très présente au final et que la voix de la narratrice reste foncièrement agréable. Pour ce qui est de la structure, si elle reste dynamique, il y a un rétropédalage sur la vie du personnage et puis ce n'est pas franchement bien ordonné tout cela. On passe en effet des années 1880, puis on parle de 1903, puis on revient en 1890, et ainsi de suite tout le long du métrage... Faut suivre sérieusement quoi. Pour ce qui est de la toute petite partie sur le frère, j'ai trouvé cela intéressant, même si pas totalement dans le sujet.

Mais toute la partie sur le cinéma de Méliès est, par contre, d'une rare qualité, et vaut presque à elle toute seule la note ici donnée. Voir et comprendre sa méthode, avec exemples et démonstrations à l'appui, où l'on voit un type ayant bricolé une caméra faire des tours de passe-passe complètement improbable avec son viseur totalement immobile... Putain, j'ai halluciné sur le tour de force de "L'Homme Mélomane", une tuerie dans les effets spéciaux, de la manipulation du temps et de l'espace.

D'ailleurs, le documentaire montre bien comment nous en sommes arrivés à la bouillie d'aujourd'hui: Pathé, industriel du métrage, prenant le pas sur le travail artisanal et artistique de Georges Méliès et se moquant de lui au passage en pérorant sur les industriels plus forts que les artistes... On comprend pourquoi "l'industriel" fait surtout du pâté et pas de l'art au jour d'aujourd'hui...

Il est indispensable de voir ce documentaire, ne serait-ce que pour comprendre le cinéma du début du XXème siècle et le potentiel de créativité humaine, potentiel aujourd'hui enfoui sous l'amas de bêtises industrielles de notre temps.