Combien de fois me suis-je demandé si je n'aurais pas dû faire une carrière en tant que scénariste ou metteur en scène dans le cinéma d'épouvante ? Je ne les compte plus.. En fait, après chaque film du genre de "La Maison des Ombres", je m'interroge sur la manière dont il a pu sortir en salle..

Alors oui, les plans sont très jolis, on ressent sans contestation une certaine ambiance bien britannique, dans les moeurs, les outils, les costumes, les bâtiments, la manière de filmer, etc. Toutefois on aurait préféré l'ambiance retranscrite lors de la toute première scène, qui aurait pu signifier un film similaire à l'adaptation de Besson d'"Adèle Blanc-Sec", mais en nettement meilleur.. Finalement l'intrigue prend une toute autre tournure qui en quelques instants ruine l'esthétisme & l'atmosphère : le tout devient un mélodrame écoeurant.
Même si l'arrivée au bâtiment suspicieux peut faire écho à certains films plutôt réussis dans la veine spiritualiste, tels que "Les Autres", "L'échine du Diable" ou "L'Orphelinat", on déchante assez vite quand la trame se met à vaciller de tous les côtés. En effet, au bout de quarante-cinq minutes, on croit déjà toucher à la fin, avec la résolution raisonnée d'une enquête morne.. En fait les histoires de fantômes continuent & on impose quelques coups d'angoisse sans nécessité puisque le spectre n'a aucune raison d'être effrayant avec les gens.. Futile. Après quelques incohérences scénaristiques dignes de l'écriture d'un gamin qui retravaille une oeuvre adulte, on atteint un dénouement assez absurde & néanmoins "classique", se servant de manière encore plus pathétique qu'elle ne l'est de la théorie de refoulement traumatique évoquée par Freud. L'aspect science contre croyance est vite mis de côté, on passe par des phases incompréhensibles de sentimentalisme, de viol inconvenant, de suicide involontaire, & les enfants du bâtiment sont envoyés en vacances (facilité scénaristique...).

Bref, avec pas mal de faux rebondissements, de fausses angoisses, & un scénario qui patauge, "La Maison des Ombres" n'est rien d'autre qu'un film de plus qui ne mérite même pas d'être sorti, au même titre que "La Dame en Noir". La magnifique Rebecca Hall, dont le talent est ici malheureusement gâché, voit son personnage dépérir, malgré sa pertinence dans la toute première scène.
Je me demanderai encore & toujours pourquoi la plupart des films d'épouvante sont faits par des cinéastes incapables de quoi que ce soit.. Est-ce si difficile d'entretenir une ambiance stressante sans avoir à imposer des clichés ?
Satané
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le 5 juin 2012

Modifiée

le 20 sept. 2012

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Satané

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