On peut rire de tout

“On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde” disait Desproges. Ainsi, ridiculiser Staline et cette ère communiste ne passe pas en Russie, même 65 ans après la mort du dictateur, même après la Perestroïka. Pourtant chez nous où la censure russe nous paraît symptomatique d'un système encore despote (alors que sous nos cieux occidentaux, démocratiques et donneurs d'exemples, Google et consorts forment le rêve stalinien le plus fou pendant qu'on élit des présidents coupables de fraudes électorales que personne n'ose poursuivre et qu'on laisse crever de froid, de faim et maladie les pays du tiers-monde où l'on a foutu la guerre), le rire est jaune (voire absent) plus que franc.

De fait, la parodie crée un certain effet de malaise. Outre les vérités historiques gaiement détournées, la ridiculisation par le «bas-corporel» (l'urine, …), les accoutrements, les répliques, les situations grotesques, etc, l'absence de la langue russe et la ressemblance physique approximative renforcent un effet de distanciation tel que le film semble se moquer de lui-même. Résultat, on ne sait plus de quoi rire, de l'Histoire ou de l'histoire, la confusion générale et les incohérences narratives n'aidant pas. Et l'on est à même de se demander: fallait-il adapter sur grand écran ce qui seyait mieux à la forme essentiellement comique de la B.D. ou plutôt s'abstenir? Personnellement, la seconde option nous paraît plus décente tant l'humour indécent et irrespectueux face à une telle tragédie historique nous déçoit.