Le monde de La nuit de l’Ours pourrait bien être le nôtre : buildings élancés, travailleurs concentrés, circulation contrariée… Seuls les personnages apportent une touche d’étrangeté : Sam et Fred Guillaume recréent nos comportements au travers d’un bestiaire varié, qui va de la poule au chien en passant par le putois.
Mais cet univers si coloré et rassurant la journée devient subitement sombre et angoissant à la tombée de la nuit. Bienvenue dans un cauchemar où les voitures hurlent furieusement, les banques nous sautent à la gorge et où les panneaux publicitaires s’animent pour mieux se moquer de nous.
Seule solution : se hisser (littéralement) sur une planche de salut, une lumière dans l’obscurité de cette société aveugle. Là, perchée sur les immeubles, s’illumine alors la maison de l’Ours.
Le film développe une série de trajectoires bien humaines, via une dizaine de témoignages réels, enregistrés à la Tuile, centre d’accueil de nuit à Fribourg en Suisse. Le personnage de l’Ours symbolise ce refuge offert aux personnes dont les difficultés sociales sont diverses.
Il y a celui-là qui, affamé depuis une semaine, vole un chocolat mais le rend immédiatement après, pris de remords. Ou cet autre qui s’entête à construire une machine magique où de minuscules panneaux solaires éclairent un mariage heureux et une fanfare triste. Ou encore celle-ci qui avoue dans un souffle qu’« il y a des gens qui ne supportent pas ma présence, même quand je ne parle pas ».
Une soupe, un coin de lavabo, un lit pour tous : cet accueil matériel semble pourtant secondaire pour ces invités, qui ont enfin la possibilité de se rencontrer et surtout de se raconter. L’ours, lui, est là, en coin, il ne dit rien ; il écoute, tout en mettant la table.
Le film évite tous les écueils du « sujet de société » en nous guidant sans misérabilisme à travers ces témoignages. La figure de l’Ours, silencieuse mais centrale, est là pour nous rappeler qu’un accueil n’est ni conditionné ni limité par les conditions matérielles : une oreille attentive suffit parfois à soulager les maux les plus profonds.
Autre conseil glissé en creux du film : "il faut faire attention à soi-même". Pendant que les autres dansent, l’Ours lui fait valser des moutons au clair de lune avec la fumée de sa cigarette. Le lendemain, la vie reprend comme avant ; mais l’Ours, lui, s’endort en souriant, visiblement comblé.
Alors, faites attention à vous et aux autres ; suivez l’Ours !

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le 30 juin 2016

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