Le Bijou empoisonné

Sacha Guitry signe ici une de ces œuvres les plus noires mais aussi l'une des plus passionnantes. Le geste de Paul Braconnier de tuer sa femme qui nous apparaît tout d'abord assez choquant nous semble compréhensif en voyant sa femme et ses vices (la boisson). Mais Guitry parvient à aborder cet acte violent avec beaucoup d’humour noir et d’éléments de l’ordre de l’absurde. Le personnage de Paul Braconnier, interprété par un Michel Simon splendide, cache une double personnalité tout au long du film: au début, un mari désabusé au bord du suicide puis après l’acte, un homme (enfin!) libéré et rusé qui se joue de la justice en voyant son geste meurtrier comme de la légitime défense. D'ailleurs, est-ce cette notion de "légitime défense" et son avocat qui ont déterminé sa volonté d'aller jusqu'au bout ? En parlant de la justice, nous relevons une sorte de critique non dissimulée des avocats (qui sont prêts à jouer avec les mots pour faire acquitter leurs clients) et des médias (qui mettent en avant des criminels et les villages d’où proviennent les méfaits les plus sordides pour « vendre » leurs journaux).

Le film évolue dans un certain style pittoresque au sein d’une petite bourgade rurale. Ce village espère d’ailleurs avoir un jour une certaine notoriété et bénit en tout état de cause le geste de Braconnier, non sans humour! Ainsi, à son grand étonnement, il se retrouve encouragé par l’ensemble du village pour s'en sortir. À noter également une participation secondaire mais agréable de Louis de Funès en tant que villageois.

Le film est donc un bijou d’humour noir sympathique et (méchamment) drôle.