S'il y a bien un genre que j'ai appris à haïr, en dehors des films de pirates qui confinent systématiquement au guignol et au ridicule en brassant des poncifs qui n'ont aucune réalité historique, c'est bien le Western.
Premièrement, parce que les choix de mise en scène issus de ce genre sont systématiquement calamiteux. Les personnages brillent tous par leur absence de connaissance de la tactique militaire la plus primaire - le simple fait de se mettre à couvert ne va visiblement pas de soi, celui de planifier une attaque non plus. D'autre part, la figure du Cow-boy est tellement mystifiée qu'elle en devient plus caricaturale encore que la figure de l'Indien.
Cette mystification de l'Histoire est une constante dans toute la production hollywoodienne et ce film rectifie sensiblement le tir... Jusqu'à un certain point. Car oui, la lutte des classes est bien présente dans le film. La classe dominante fait preuve d'une brutalité sans limite et cherche à écraser la classe dominée, constituée principalement de nouveaux migrants. Le propos du film tourne entièrement autour de cette prédation et la fresque dépeinte est grandiose et bouleversante. L'univers du film est particulièrement travaillé, les décors sont tous réussis.
Cependant les codes du genre demeurent. La lenteur est une constante dans les westerns. Pas la longueur, non (le film ne dure pas trop longtemps à mon goût, il prend le temps de poser le background et de développer ses personnages, ce qui est une bonne chose), la lenteur. Celle des personnages, de leurs gestes, des dialogues, de leurs réactions. Les personnages de westerns sont incapables d'avoir quelque nervosité que ce soit.
D'autre part, les combats sont tout aussi caricaturaux. Lancer des bâtons de dynamite, non, juste non. C'est aussi ridicule que d'essayer de lancer des bombes avec détonateur... La première scène d'affrontement entre la foule et les chasseurs d'homme est juste grotesque : les gus tournent comme des débiles sans visiblement avoir jamais tiré de leur vie avec un fusil. Aucun des hommes en face n'est touché. En face, les mecs font mouche à tous les coups... La mise en scène sauve la scène de la catastrophe. Cette scène en total sens unique est une facilité d'écriture que le réalisateur aurait pu éviter... Puis la foule incapable d'élaborer une stratégie avant de partir au combat, pas crédible pour un sou.
Bref, ce film empreinte trop au Western pour que je l'apprécie à sa juste valeur, alors que l'époque de la conquête de l'Ouest serait pourtant passionnants à traités si elle n'était pas à ce point maltraitée par le cinéma hollywoodien. Tout comme la piraterie d'ailleurs (cf les travaux de Marcus Rediker sur le sujet).