Premier film en couleur, deuxième si on prend en compte son excellent documentaire sur Picasso, mais également dernier film de Clouzot, "La Prisonnière" nous raconte l'histoire d'un pervers, impuissant qui va entrainer dans ses jeux photographiques une jeune demoiselle.

Ce dernier film de Clouzot donc me laisse perplexe, partager entre la forme et le fond. Clouzot s'aventure de nouveau dans le milieu Artistique après "le mystère de Picasso" et utilise les arts picturaux non pas dans un documentaire, mais bien dans une fiction pour le coup.
Ce qui me plait donc c'est cette recherche encore plus poussée autour de l'art, de l'utilisation de ce dernier, qu'il soit picturale au début, ou photographique par la suite. Cela se ressent principalement dans la photographie du film, en tout point magnifique, mélangeant avec brio les couleurs ou même les œuvres d'arts ornant la galerie d'art du personnage masculin principal.
On est vite subjugué par une telle beauté, que ce soit l'utilisation des miroirs, des vitres, de la lumière naturelle ou de la couleur Rouge (et bleu), Clouzot nous prouve qu'il maitrise parfaitement le cinéma en couleur malgré son désavantage, l'utilisant pour la première fois dans une fiction.

Forme impeccable donc, la mise en scène est également géniale, esquissant à merveille le désir, le cachant lorsqu'il faut, le mettant en avant avec brio quand il le faut également, le film n'en reste pas moins, et nous en venant aux défauts, très plat, particulièrement creux et souvent vide. Je ne suis pas plus fan que ça des films de Clouzot, si ce n'est "le salaire de la peur" (anti fan de ce dernier vous pouvez allégrement me cracher dessus haha), et son excellent "mystère de Picasso", ses films finissent vite par m'ennuyer malgré des talents d'écritures scénaristiques et de dialogues hors du commun, "le corbeau" étant le meilleur exemple que j'ai pu voir du monsieur, en attendant de me lancer dans d'autres de ses films. Ici c'est une forme parfaite au service de dialogue peu concluant, vite redondant et barbant, et un scénario qui s’essouffle en moins de temps qu'il faut à un asthmatique pour nous claquer entre les pattes.
Ce film nous montre certes une recherche autour de l'amour, de l'érotisme (voir de l'art érotique) et d'une forme de perversité mais le tout avec lourdeur et par moment un manque cruel de subtilité.
La première demi heure subjugue donc pas l'incroyable maitrise de Clouzot à mettre en image une galerie d'art, puis l'envie d'en savoir plus sur les jeux photographiques pervers de Stan nous prend, une envie d'aller plus loin dans ce scénario. C'est la que je suis déçu, ses jeux photographiques s'étire sans raison, soit l'érotisme fou mérite d'être étirer ainsi, mais les diverses péripéties allant au milieu de ce beau monde tout nue est vite barbant, à commencer par le "mari" de notre cher héroïne qui n'a d'intérêt que sur la fin, et encore dans une partie bien vaine du film.

Et c'est bien la tout le mal du film, il me parait inintéressant quand il devrait l'être, car trop esquisser, trop timide, et beau qu'à de rare instant comme une scène d'amour lors des vacances des deux personnages.
Le personnage de Stan ne me passionne pas plus que ça, alors qu'au contraire, celui de Josée l'est, mais reste sous exploiter jusqu'à la toute fin, fin qui s'avère absolument sublime, onirique et dérangeante. Cette fin m'a d'ailleurs poussée à mettre 6, arrivant au bon moment, après une vingtaine de minute d'ennui à ne vouloir qu'une chose, en finir et mettre 5...

Bref, peut être confus comme critique, mais en résumé je lui retiens une forme absolument parfaite, une mise en scène au service d'une photographie plus que sublime, des plans d'une rare beauté, assez rare pour l'époque pour être retenu, mais un fond assez vide, et vite gonflant pour un film au final un peu chiant!

Ps : la scène avec les miroirs est sûrement l'une des plus belles et l'utilisation du rouge, couleur chaude, pour les rideaux ou autre fioriture des fenêtres parisiennes est assez géniale et permet de rendre moins terne une ville assez tristounette et surtout très grise!
Sasory
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