La Reine des Neiges
6.1
La Reine des Neiges

Long-métrage d'animation de Chris Buck et Jennifer Lee (2013)

Monté en épingle par une campagne marketing en amont du film et qui se fait encore sentir aujourd’hui, La Reine des Neiges surfe sur un succès auquel je ne m’attendais pas mais dont les tenants et aboutissants sont tout à fait compréhensibles. Inspiré de contes et légendes nordiques, le métrage est imprégné de cette douceur hivernale. Les graphismes sont soignés de telle sorte qu’aucun personnage ne vire dans la caricature : les « méchants » paraissent presque attachants au vu de leur design lissé. Les deux princesses à l’instar de Raiponce sont stylisés de manière à rendre leur visage poupin et attendrissant facilitant l'attirance pour ces personnages conçus comme des canons de la beauté. L’image est travaillée de façon à ce que le spectateur ait de la sympathie et de l’empathie pour chacun des protagonistes. La beauté plastique du film consécutive à des décors magnifiés par la blancheur immaculée de l’hiver alliée à des personnages plaisants ravira un large public par la magie se dégageant de ce film.


Agrémenté d’une galerie de personnages fleurant bon la sympathie et l’humour à plein nez, le film sait alterner séquences humoristiques et scènes d’émotions à bon escient. Des scènes emplies d’humours avec Olaf, désopilant personnage, au côté dramatique de l’isolement d’Elsa dans sa tour, le film sait jouer sur différents registres afin de toucher le public. Et afin justement de toucher un large public, le film tend à s’articuler autour d’un panaché de personnages haut en couleurs. De deux belles princesses déterminées dans leurs choix et leurs motivations qui sauront toucher les jeunes filles à Hans, altruiste et humble en passant par Olaf le pitre de service qui sauront toucher les plus grands, l’identification et l’empathie se crée petit à petit. En mettant Kristoff au cœur d’un twist déroutant, Disney casse la structure du film de princesse en reléguant le prince, symbole de virilité et d’honneur, au rang de simple humain prompt à être tenté par quelque bassesse pour arriver à ses fins. Cette pirouette scénaristique inédite dans le genre des contes de princesse aura pour effet de renforcer le côté fougueux et indépendant des deux jeunes filles. Magnifiant la détresse d’Elsa par l’édification d’une tour d’ivoire où elle ira se cacher, Frozen symbolise la perte de repères des adolescents au moment de passer à l’âge adulte et la détresse émotionnelle d’une phase où le doute et la réflexion sont présent. Le film va jusqu’à tendre vers des propos et un sous-texte féministe en désacralisant le personnage du prince ainsi qu’en mettant en exergue deux princesses au tempérament bien trempé et dotés d’une volonté sans pareille.


Rassemblé autour d’une éclectique galerie de personnages, le film tend vers une certaine modernité. En détournant les codes du conte et en restant ancré dans une certaine tradition du dessin animé de princesse, Frozen arrive à se créer une identité propre en se démarquant des standards du genre. Les thèmes musicaux écrasés par l’omnipotence dans notre esprit de la chanson phare « Libérée, délivrée » vont dans le même sens que le reste du film à savoir un récit initiatique et de construction de soi. Le discours du film va lui s’axer autour de thématiques chères à l’esprit Disney telles que la fraternité, la paix, la famille ou encore la tolérance et l’acceptation de soi. Le film fait de son cheval de bataille la tolérance de même que la construction de soi à travers la dureté et l’incompréhension du regard des autres ainsi que l’acceptation de soi.


Inévitablement, Frozen n’échappe pas à quelques fioritures inhérentes à ce type de film. Le début est lent et pataud, engluant le film dans des lourdeurs scénaristiques. Ces dernières viendront repointer le bout de leur nez sous la forme d’incohérences narratives par le biais du perfide Kristoff. Pourquoi diable aide-t-il la princesse alors que peu de temps après son but avoué sera de lui ôter la vie ? Le côté lisse et aseptisé de ce film d’animation peut aussi discréditer et rendre inoffensif tout le côté dramatique du récit en restant dans le politiquement correct et le côté policé des films Disney.


En somme, Disney arrive encore une fois à développer son attractive machine à rêve en réussissant à réunir les ingrédients idoines pour rassembler petits et grands. L’aspect comédie musicale d’animation alliée à la féérie de l’animation participe à renforcer la féérie et la magie de ce type de film d’animation. Le côté moderne donne une certaine force à l’histoire et dépoussière les contes de princesse pour les ancrer davantage dans une réalité salvatrice.

Jokalex
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le 2 févr. 2015

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Jokalex

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