Que la première partie...

Je termine actuellement la lecture du « Royaume » d’Emmanuel Carrere. Très bon ouvrage sur la naissance du Christianisme, vu à travers l’œil aiguisé d’un auteur de notre temps qui, à un moment de sa vie, se perdait dans la Foi et les bondieuseries… Et c’est fascinant de constater comment cette religion qui avait tout pour n’être qu’un feu de paille dispersé par les vents a fini par conquérir une partie du monde et reste aujourd’hui la religion la plus représentée.
Je n’ai pas terminé l’ouvrage dont je reparlerai plus tard, mais dans le même genre, j’ai fini par regarder le film de Kevin Reynolds : « La résurrection du Christ », sorti en début d’année et que l’on trouve principalement en VOD. J’avoue que je m’attendais à une daube… Mais en fait, non. Certes, la deuxième partie manque de souffle, mais la première pose le contexte géopolitique de la Judée de l’époque avec lucidité et véracité historique. Mais pourquoi avec changé certains détails inutilement à mon sens ? D’autant que l’histoire, là encore, est assez fascinante : qu’on put ressentir les témoins de la crucifixion (si elle a réellement eu lieu) ? Avait-il le sentiment d’assister à quelque chose d’exceptionnel ? Et le centurion qui commandait la garnison ? S’en est-il lavé les mains comme Ponce Pilate ? La légende dit que non, et que ce tribun finit par se convertir et déposer les armes. Il se serait appelé Longin, et c’est lui qui aurait donné le coup de grâce avec sa lance à Jésus.
C’est donc sur ce personnage que le film pointe sa focale. Il est présenté comme un officier engagé contre la sédition juive, n’hésitant pas à se servir de son glaive pour achever les prisonniers. C’est Joseph Fiennes qui se colle dans ce rôle d’un légionnaire aux ordres directs de Ponce Pilate, pour qui un crucifié de plus ou de moins ne change pas grand-chose ; lui, ce qu’il attend, c’est de quitter la Judée et d’obtenir de l’avancement pour vivre tranquillement et oisivement. Ce Nazaréen qui semble énerver ses propres frères hébreux n’est qu’un fardeau de plus dans une journée déjà longue. Pour s’assurer que tout se passe sans incident, il se rend sur le Golgotha et assiste au dernier souffle de ce Messie autoproclamé, fanatiques à ses yeux, comme tous ces juifs qui tentent de faire partir la civilisation romaine. Mais quand le corps disparait trois jours plus tard, le doute s’installe en lui… Il va donc traquer les disciples pour tenter de retrouver le corps, et son chemin va l’éloigner de tout ce qu’il imaginait de tracé dans sa vie et sa rationalité va en prendre un coup.
« La résurrection du Christ » est un péplum, doublé d’un thriller puisqu’il s’agit d’une enquête pour retrouver le corps ; pas d’un film dont le but serait d’interroger la Foi du spectateur. Et j’ai envie de dire : c’est tant mieux. Et la deuxième partie du film, celle du doute et de la conversion, est finalement si peu consistante que les foules ne se taperont pas dessus pour des questions d’interprétations. Certes, c’est toujours le Sanhédrin qui est montré comme le véritable procureur de Jésus, responsable de sa condamnation et de sa mort (ce qui arrangeait bien les Romains au final), mais le film ne laisse pas de saillie susceptible d’irriter qui que ce soit, à part peut-être les vrais croyants catholiques qui trouveront peut-être ce film pas assez engagé dans le mystique. Et au final, cette deuxième partie est assez inutile car une fois notre centurion ayant croisé le Christ en vie, que restait-il de suspense ? A moins de le tuer une seconde fois juste pour voir, comme ça en passant… Mais bon, là je m’égare ;)