"La Revanche de Freddy" est le dernier cauchemar qu’il me restait à visionner avant la sortie de "Freddy contre Jason". À l'époque, je l’avais regardé sur une vieille VHS. Dans plusieurs scènes, on ne voyait littéralement rien. Les scènes étaient trop sombres. Voilà ma première expérience avec ce film et elle n’était pas très agréable. Maintenant, avec un peu de recul et un visionnement en DVD, ma première impression s’en retrouve quelque peu changée.
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Cinq ans après les terribles événements du premier film, une nouvelle famille aménage au 1428 Elm Street. Jesse Walsh est un jeune étudiant et se réveille régulièrement tout en sueur. Il fait de terribles cauchemars durant son sommeil. En effet, Freddy Krueger apparait dans ses rêves et prend tranquillement le contrôle du corps de celui-ci. Jesse devra donc résister contre les instincts de Freddy pour qu’il ne puisse pas tuer sa famille et ses amis.


"La Revanche de Freddy" est un peu le mouton noir de la série. Il y a autant de personnes qui aiment cette suite que de gens qui ne l’apprécient guère. Moi, je suis passé de la seconde catégorie à la première. En regardant le film, on comprend tout de suite que le thème principal se concentre sur la possession. L’idée de la maison hantée est ainsi insérée et développée avec justesse. Une chaleur suffocante règne dans toute l’habitation, un grille-pain prend feu sans être branché et un petit oiseau explose sans raison. Mais que serait une maison hantée sans fantôme? Freddy Krueger hante les lieux et prend possession du corps de Jesse afin de commettre des meurtres à sa place. Je trouve cette idée très originale. D’abord, le réalisateur démontre l’incroyable pouvoir de Freddy à contrôler une personne. Les idées du rêve et de la réalité sont ainsi chamboulées parce qu’on ne voit pas la séparation entre les deux. Est-ce que Jesse tue les personnes en rêve ou bien est-ce que c’est Freddy qui les tue dans la réalité? En fait, la vérité est un peu dans les deux idées, ce qui rend le spectateur un peu confus et fasciné à la fois. Freddy dépasse les limites du rêve pour tuer. D’ailleurs cette idée n’a pas été reprise dans les autres "Nightmare on Elm Street" et c’est pour cette raison qu’elle est aussi originale! Jack Sholder est le seul à l’avoir exploitée. C’est peut-être pour cette raison que ça n’a pas plu aux partisans du premier film. Par contre, c’est grâce à ce réalisateur que la maison a pris autant d’importance dans les autres suites. Le 1428 est devenu un emblème de la série. C’est la demeure de Freddy.


Il est impossible passer à côté du second thème inavoué présent un peu partout dans le film. En 1985, l’homosexualité demeure un sujet tabou. Les réalisateurs et les producteurs n’ont jamais vraiment avoué la chose. Le film est parsemé de sous-entendus homosexuels. À commencer par l’affiche du film, avec son slogan très équivoque : « The man of your dreams is back » (L’homme de vos rêves est de retour). Cette phrase est très intéressante, puisque le protagoniste du film est joué par un jeune homme et on parle de l’homme de ses rêves. Symboliquement parlant, le personnage de Freddy serait le refoulement des pulsions homosexuelles du personnage de Jesse Walsh. On dirait que Freddy fait surface à chaque fois que Jesse semble avoir des pensées sexuelles pour un homme ou pour une femme. Plusieurs scènes du film ne mentent pas quant à la présence de ce thème. La bataille de Jesse avec son ami Ron, la relation sadomasochiste avec son professeur d’éducation physique et la présence de Jesse dans un bar gay. On peut également voir plusieurs formes phalliques un peu partout dans les décors. D’après moi, je ne trouve pas que le sujet de l’homosexualité vient gâcher le film. Au contraire, cela vient le renforcer parce que le film a un message à passer. Il est rare de voir un réalisateur se pencher consciemment ou inconsciemment sur un tel sujet. Cela vient dénoncer en quelque sorte le problème d’orientation sexuelle chez les jeunes. Sur ce fait, le film est encore d’actualité aujourd’hui et le sera probablement pour longtemps. Petites anecdotes intéressantes: L'acteur principal Mark Patton fit son "coming out" quelque temps après la sortie du film. D'ailleurs, avec son rôle de Jesse Walsh, Mark Patton devient officiellement le premier "Scream Queen" mâle du cinéma d'horreur moderne.


Contrairement à l’épisode précédent, les acteurs sont tous très bons. L’acteur principal Mark Patton se démarque du lot même si son personnage nous fait parfois rire. Il joue parfaitement son rôle de jeune étudiant possédé qui ne comprend rien à sa situation. Freddy fait un peu moins le guignol en comparaison au premier film. Je crois même que c’est dans cette suite qu’il fait le plus peur.
Ce second opus se différencie totalement du premier film en gardant l’ambiance sombre qui y régnait. Mais Sholder ajoute une touche de plus. En effet, tout au long, la couleur rouge ressort dans pratiquement chacun des plans. Par exemple: dans les vêtements, dans les objets, dans les décors, etc. Le rouge fait bien sûr référence au danger et au chandail de Freddy. On remarque également beaucoup la présence du bleu et du vert mais avec moins d’évidence. Le vert fait encore une fois référence à Freddy et le bleu a la signification des rêves. Cela donne une ambiance très colorée sans toutefois tomber dans l’excès.


Le seul point défavorable du film, ce sont les meurtres. Il n’y en a pas beaucoup si on ne compte pas le carnage près de la piscine. Il y a seulement trois scènes de meurtres et elles ne sont pas si remarquables que ça. Seule la scène où Jesse est avec son ami Ron et mute soudainement vaut franchement le coup d’être vue. Jesse se transforme littéralement en Freddy Krueger. Une scène totalement disjonctée. Sinon, le film ne se contente que de mettre l’emphase sur le dédoublement de personnalité de Jesse.


Finalement, si vous n’avez jamais vu le film, je vous conseille de visionner ce dernier plus d’une fois avant d’en tirer une conclusion hâtive. Pour ma part, ma note a beaucoup changée depuis mon premier visionnement. Elle est passée tranquillement de 2 à 3 à 3.5 pour s’arrêter à 4. Comme quoi il ne faut jamais se baser sur notre première impression.

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le 15 oct. 2016

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VHS_Guy

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