A l'heure où Wes Anderson sort son très mitigé "Moonrise Kingdom", je me décide à voir/revoir certaines de ses oeuvres. Ayant grandement apprécié "La Famille Tenenbaum", je m'attelle à redécouvrir, plusieurs années après le premier visionnage, "La Vie Aquatique". & quelle réjouissance !

Wes Anderson, petit texan de renommée grimpante, c'est avant tout un grand enfant, une sorte de Peter Pan, qui n'a jamais abandonné ses rêves les plus fous. Ainsi fait-il souvent appel à tous ces acteurs qui savent marquer les jeunes générations (Ben Stiller dans "La Famille Tenenbaum", Bill Murray dans "La Vie Aquatique", ou encore Bruce Willis dans "Moonrise Kingdom"), & les décomposent, de sorte à ce qu'ils dévoilent le plus profond de leurs personnages, l'humain derrière le comique.
Les bestioles & les poissons animés en stop-motion rappellent volontiers les aventures de "Wallace & Gromit" ; les plans-séquences faisant défiler le décor font remonter ces souvenirs architecturaux de cabanes que tout enfant a eu en tête (l'idéalisme primaire, celui pur & simple qui se contente d'une bâtisse réunissant le strict nécessaire) ; la bande-son principalement composée de sons de Bowie, typiquement nostalgiques & rêveurs. Parlons-en, du rêve. A travers ce film, Wes Anderson dépeint ce cinéma atypique, celui indépendant & très personnel qu'on peut reconnaître chez Gondry dans "La Science des Rêves". La trame, quant à elle, rappelle ces films utopistes qui nous ont fait retomber en enfance, comme "Good Morning England" ou "Hotel Woodstock" : tout y est simpliste, mais formidablement orchestré, de sorte que chaque évènement, aussi anodin puisse-t-il être, est essentiel à l'avancement du film. Enfin, la mise en scène, la manière de filmer, tellement symétrique, tellement concise & pointilleuse ressemble assez au cinéma des frères Cohen.

Bon. Que peut-on ajouter à propos de ce chef-d'oeuvre ? Le casting est parfait, les références fusent, l'univers teinté de fluorescences & de loufoque nous fait plonger dans une enfance qui était jusque là désillusionnée. Le final est émouvant, avec comme thème la superbe musique de Sigur Ros, "Staralfur", qui couvre les flots qui se déversent des yeux de Bill Murray..
Wes Anderson livre ici une oeuvre originale, magnifique, sublimant la simplicité sentimentale grâce à une maîtrise parfaite des bases cinématographiques.
Satané
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le 19 mai 2012

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Satané

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