Si l'on aime les histoires d'amours impossibles : La Vie Invisible d'Eurídice Gusmão s'inscrit dans ce genre d'histoire où deux sœurs cherchent inlassablement à se retrouver après une déchirante séparation.
Plongées dans le Rio de Janeiro des années 1950, Euridice et Guida sont jeunes, belles et passionnées. L'une aspire à une carrière de pianiste, l'autre rêve de vivre de romance et de promesses. Fatalement, leurs aspirations respectives sont parsemées d'embûches. Entre un père résolut à voir ses filles devenir épouses et mères et désillusions, rien ne se passera comme prévu. Des scènes crues, montrent une réalité difficile. Une réalité où l'homme est maître : il impose ses désirs, la femme ne peut avoir d'autres ambitions que celle d'être une bonne cuisinière, ménagère et maîtresse. Après tout, quel autre mode de vie plus sain que celui-ci ? Cruelle ironie.
Sous forme épistolaire, Aïnouz incite à voir successivement au travers du regard des deux héroïnes. Elles n'ont alors de cesse de se manquer, à la croisée des chemins. Pourtant toujours liées d'un amour immortel, le seul à survivre dans cette avalanche de rigidités et de fausses bonnes moralités, les jeunes protagonistes grandissent et vieillissent sous un soleil étouffant.
Elles deviennent presque un membre familial à part entière, tant le spectateur les accompagnent dans leur plus grande intimité. Entre larmes et courage ; deux âmes-soeurs meurtries qui attisent une profonde compassion.