Vu sur les conseils d'une amie qui a été le voir passionnément deux fois au cinéma. J'étais assez sceptique, ayant l'impression que la bande-annonce montrait tout ce qu'il y avait à voir et me méfiant des gros machins qui prétendent vendre du rêve et de l'évasion (quitte à barouder bobo, je préfère lire du Sylvain Tesson, qui a une chouette plume).
C'est cousu de fil blanc et de bons sentiments et cela se laisse regarder quand on est très fatigué ou sous l'emprise de médocs qui shootent. Après, comment dire : moi aussi je peux faire rêver en filmant l'Islande avec du Arcade Fire en fond sonore, trop facile. ^^
L'ensemble est très hollywoodien : un personnage conçu comme étant parfaitement transparent pour que le spectateur s'y identifie et rêve avec lui de devenir extraordinaire, qui s'en va barouder à travers des lieux sublimes (mais sans débrancher son portable, cet imbécile... randonner dans les plus belles montagnes du monde et décrocher parce qu'un stupide réseau social essaye de vous contacter me fait hurler au scandale ^^), poussé par l'amour et le besoin de résoudre une énigme. Il va bien sûr réaliser au cours de son "odyssée" qu'il a une personnalité, qu'il est libre et qu'il avait en lui le potentiel d'être un héros, à l'image de ce photographe mythique (Sean Penn, seul personnage auquel j'ai adhéré : il faut dire que le bougre est le seul à incarner l'Aventure, comme je peux la concevoir depuis mon confortable futon, en aventurière qui vit par procuration les épopées de Richard Burton, Alexandra David Néel, Lawrence d'Arabie, Nicolas Bouvier et les autres... Il laisse la place à la contemplation et évite les bavardages inutiles) avec lequel il a bossé pendant des années.
Je n'arrive pas à être complètement méchante avec ce film car une part de moi est sensible à l'appel des grands espaces, même si, au fond de moi, je ne peux m'empêcher de me dire qu'un documentaire de la bbc ou du national geographic aurait pu aussi bien m'apporter ce dépaysement et qu'un Samsara m'excite plus, visuellement.
Bref : une grosse production moyenne, point désagréable (c'est joli, y a des scènes complètement abusées - le requin ??-, tout est gentiment prévisible, mais c'est joli) et vite oubliée. On sent que c'est pétri de bonnes intentions, mais cela fait trop grand livre d'images préfabriquées (regarde mon joli panoramique soutenu par une musique pleine d'émotions !) pour que la sensation de griserie s'installe. Un Disney pour adultes, quoi, avec tout ce que cela implique.