A l'instar de Patients qui donnait la parole à de jeunes paralysés, La vie scolaire vient éclairer le quotidien terni mais néanmoins mouvementé de collégiens de Saint-Denis. J'ai été étonné des réactions très vives et enjouées des spectateurs de la salle ; au début, ça m'a déstabilisé et j'avais l'impression de passer à côté du film mais très vite, le regard sur cette CPE fraichement débarquée sonne juste, ne pointant jamais du doigt les faiblesses de ces jeunes ou du système éducatif. La vie scolaire devient alors une chronique sociale divertissante mais réaliste, à la fois drôle et grave, avec une lueur d'espoir en guise de morale. On sent que les scènes sont tirées de la réalité et que chaque personnage est pensé pour rendre compte d'un vécu, de quelque chose qui perdure et qui se réitère dans certaines zones difficiles. On pense alors à des films comme Entre les murs, Les grands esprits ou encore La Mélodie qui occupent le même espace-temps mais la seconde réalisation de Grand Corps Malade et Mehdi Idir se veut singulière dans le point de vue qu'elle adopte. En effet, Zita Hanrot, dans le rôle de la CPE, est le dénominateur commun de ce quotidien. Comme une chef d'orchestre, elle gère une multitude de problèmes afin d'établir une harmonie entre professeurs, élèves, parents, personnel administratifs,... Ce boulot monstre, sans doute un tant soit peu enjolivé par une intrigue parallèle, est intelligemment retranscrit par son interprète qui ne donne pas l'impression de jouer des émotions dingues mais qui écoute et reçoit la parole des autres avant tout. C'est un métier d'écoute, de prises de décisions et d'adaptation, rempli d'aléas et de paramètres à prendre en compte, et je pense que La vie scolaire en est un beau témoignage. Bien que je ne pense pas que ça soit toujours le cas en réalité, on rit beaucoup ! En effet, on s'identifie et on se reconnait dans ces portraits qui semblent parfois tirés dans les extrêmes. C'est fidèle à une réalité qu'on a tous côtoyé à un moment donné, et ça rend le film très sincère. Comme dans leur premier film, les réalisateurs réussissent à introduire une légèreté face à la tension, à dépeindre une passion dans un cadre difficile, à ouvrir les yeux sur une zone d'ombre. Mais il faut avouer que le milieu scolaire et celui de la banlieue se révèlent tout de même moins surprenant que le centre de rééducation de Patients.