Pour la rentrée 2019-20, un film salutaire nous donne à voir la réalité, les possibles, et les impossibles de la “la vie scolaire”, version CPE (conseillère principale d’éducation), dans un collège du 9-3, les Francs-Moisins de la Seine St-Denis.
Et le film commence par la grand réunion-cérémonie de la rentrée des enseignants (avec la distribution des emplois du temps) et de tous les adultes de l'établissement, autour de la proviseure qui explique à la nouvelle CPE le jargon local pour identifier la classe de ceux qu'on “parque” dès le début de l'année.
La vie scolaire est posée là, avec une jeune CPE volontaire et engagée dans l'éducation nationale par goût et conviction, venue d'Ardèche, pour des raisons personnelles.
Ce film, réalisé par Mehdi Idir, (ayant grandi dans la cité) et Grand Corps Malade, (slameur, ayant déjà réalisé un autre long métrage Patients, sur sa propre expérience médicale) nous invite à découvrir un collège de banlieue, égale à tous les établissements scolaires sauf qu'il s'agit de la Seine St Denis, département sinistré de l'éducation nationale (pas seulement).
Ils nous montrent la réalité d'un Collège dur dans les rapports entre élèves, un rapport presque de corps à corps élève-professeur, une autorité en permanence défiée, et toute la vivacité d'une communauté scolaire qui vit, pleine d'énergie et d'invention.
Il n'y a pas de jugement, il y a le constat et toutes les séquences ou morceaux d'histoire d'élèves, d'enseignants, de parents qui, autour du personnage central, Samia, la CPE (excellente Zita Hanrot), vont se construire progressivement et nous attacher à cette réalité, à côté de chez nous et que nous ignorons. On nous présente l'école de banlieue comme un no mans land impossible à vivre et nous apprenons là qu'il s'agit d'un lieu de vie avec ses possibles et impossibles comme partout ailleurs. On sort du fait divers pour être à la hauteur des espoirs et des difficultés des adultes et des jeunes qui vivent ensemble une partie de la journée..
La Vie Scolaire, au-delà des imperfections institutionnelles, montre que dans toute profession il y a l'engagement de ce que chacun peut y apporter, de ce que chacun peut y mettre, de ce que chacun peut y trouver aussi comme réalisation personnelle. De même qu'il souligne les difficultés de certains élèves à s'adapter au cadre scolaire et qui vont en SEGPA, on peut observer aussi que parfois certains enseignants ont du mal à trouver, en eux, des réponses aux besoins pédagogiques d'élèves en difficulté.
Ce film nous fait rire, nous émeut, nous fait réfléchir sur l'école, celle que nous proposons aux différents classes d'âge qui évoluent dans un monde qui nous confronte. Un système dont nous ne savons pas toujours y apporter sinon la réponse en tout cas des pistes pour l'améliorer à défaut d'y trouver des solutions.
Les reparties, la vivacité, l’intelligence de l'élève de 4ème Yanis (joué avec finesse par Liam Pierron), la pertinence du professeur de maths, interprété par Soufiane Guerrab, ou la présence joyeuse de Samia, m'ont fait penser qu'il s'agit d'un film à mettre au programme des Collèges, pour mesurer la distance et peut-être nous rapprocher...