Le western est un genre très américain. Côté européen, on connait bien sûr les westerns spaghetti (pas si nombreux d'ailleurs) avec comme chefs de file l’incontournable Sergio Leone, et le relativement connu Sergio Corbucci.
Mais l’Italie mise à part, le western est quasi inexistant sur le vieux continent – bien que récemment certains films européens s’inspirent des codes du genre, comme La Isla Mínima côté espagnol, ou bien plus récemment L'État sauvage en France.


J’étais donc curieux de voir à quoi pouvait ressembler un pur western à la sauce autricho-allemande.
La chevauchée vers Santa Cruz est l’un des premiers films du réalisateur – aujourd’hui complètement oublié – Rolf Olsen. Sorti en Allemagne de l’Ouest en mars 1964, le film s’offre une petite sortie-salle en France en juillet de la même année, avant de disparaître totalement des radars (aucune édition DVD), jusqu’à refaire timidement surface en 2018. Avant la mienne, le film n'avait que 2 notes sur SC, autant dire qu'il s'agit d'une pépite méconnue.


Le film a été vraisemblablement tourné en Espagne, dans les îles Canaries (j’ai trouvé cette info mais n’ai pu la vérifier). Il faut dire que les décors sont l’un des points forts de ce western : paysages lunaires, déserts de roches et de sable, cactus à pertes de vue, qui éclatent sous les balles des cowboys, un peu comme Zorro coupe les bougies d’un coup d'épée dans la mythique série de 1957.


Pourtant, La chevauchée vers Santa Cruz n’est pas une grande réussite. Le film possède un tel désir de s’inscrire dans les codes du genre qu’on le croirait presque parodique, s’il n’était pas si sérieux.
La faute selon moi à la pauvreté de la mise en scène, à un montage parfois très cut qui pique les yeux (il est possible que la copie dont est tiré cette numérisation ait été charcutée par les projectionnistes avec le temps), à un jeu d’acteur sans saveur, et à une musique tonitruante aux sonorités mexicaines presque caricaturales.
Bon, et puis les sous-titres très approximatifs (merci Google traduction) du fichier visionné n’y ont pas aidé non plus je dois dire.


Pourtant le scénario, bien qu’archi-classique, avait du potentiel.
Le film démarre par la libération du bandit Pedro Ortiz, qui s’échappe grâce à deux acolytes de son gang (José et Fernando) de la prison où il était incarcéré depuis deux ans. La bande fait un carton des geôliers, et ne laisse qu’un tas de cadavres.
Avant d’être mis sous les verrous, Pedro Ortiz avait planqué une grosse somme d’argent dans les montagnes. Mais avant d’aller la chercher, celui-ci veut assouvir son désir de vengeance, et retrouver le shérif qui l’a arrêté.
Il s’agit de Rex Kelly, reconverti dans l’intervalle dans la finance. Rex est désormais patron de banque, et vit une vie tranquille avec sa femme et son fils. Ces derniers sont enlevés par la bande d’Ortiz – qui contraint au passage Rex à les aider à dévaliser sa propre banque, après tout on n’a jamais assez d’argent – et emmenés dans les montagnes.
Le désir de vengeance change de camp : c’est désormais Rex, fou de rage, qui s’élance sur les traces des bandits pour les tuer un à un, et récupérer sa famille…


Fort heureusement, le film n’est pas entièrement gâché : les scènes de tension sont plutôt réussies – je pense notamment au jeu de la gâchette où deux bandits tirent à tour de rôle en visant au plus proche de la tête d’un pauvre malheureux –, et certaines touches humoristiques sont les bienvenues. Le personnage de l’enfant notamment apporte au récit une dimension assez touchante.


Pour conclure, La chevauchée vers Santa Cruz est un western qui n’offre pas grand intérêt, si ce n’est d’entendre de fins pistoleros parler allemand.

D-Styx
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le 25 mars 2021

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D. Styx

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