Les liens du sang

Soirée New yorkaise en cette belle année 1988. Alcool et drogue sont au menu. Heart of glass chanté par la très sensuelle Debby Harry est dans la stéréo. Et Eva Mendes est dans une robe légère des plus attrayante, s'insérant parfaitement dans ce décors aux allures d'orgie romaine. Joaquin Phoenix, lui, est lascivement allongé sur son canapé, attendant que la belle Eva le rejoigne. Celle-ci ne se fait pas prier, et enfonce sans préavis sans langue dans la gorge du petit veinard. Jamais je n'ai autant eu envie d'être Joaquin Phoenix.

Cette scène d'ouverture, qui restera comme une de mes préférées de l'histoire du cinéma, dépeint à merveille le personnage de Bobby. Un flambeur pas vraiment à cheval sur la notion de morale ou de légalité. Tout le contraire de son frère Joseph, un flic exemplaire que sa lutte acharné contre le crime va mettre sur la route de Bobby et de ses "partenaires". Face aux réactions démesurées de la mafia russe contre la famille de Bobby, celui-ci fait preuve d'un honneur familiale qu'on ne lui aurait pas soupçonné.

Pour le dernier tableau de son triptyque consacré à la famille, à la mafia, et à New York, James Gray livre un film plus poignant que jamais. *La nuit nous appartient * apparait comme l'aboutissement des deux films précédents, The Yards et Little Odessa. Les personnages, notamment celui de Bobby, sont plus touchants. Et le choix difficile qui se profile pour lui est raconté avec beaucoup plus force. Mais c'est surtout esthétiquement que James Gray a énormément progressé. Il démontre qu'il maitrise parfaitement sa caméra, en filmant des scènes d'action époustouflantes. On se souviendra bien sûr d'une course poursuite en voiture de haute volée et d'une séquence finale en point d'orgue d'une intensité croissante tout au long du film.

Sombre, tant visuellement que scénaristiquement, La nuit nous appartient est un des plus beau film sur les relations familiales. Un registre déjà très exploité au cinéma, et qui compte de nombreux chef d'œuvre. C'est dire si l'œuvre de James Gray, dont c'est un des thèmes favoris, est une grande réussite.