L'influence de Lewis Carroll est aussi apparente dans les films que dans les œuvres littéraires. Comme peuvent en témoigner Matrix, Donnie Darko, ou le Labyrinthe de Pan. Trois films cultes qui ont su user intelligemment de l'idée principale du livre de Carroll, à savoir celle du double monde (réel/imaginaire). On pourrait également ajouter les longs métrages de Tim Burton, mais ils sont peut être trop évidents pour démontrer l'emprise qu'a eu l'ouvrage du romancier. Et si on vous disait Last Action Hero, vous feriez le lien?
Ce film avec l'une des plus grandes têtes de proue du cinéma d'action, Arnold Schwarzenegger? On parle bien du Blockbuster réalisé par l'homme de Predator (avec le même Schwarzie) et Piège de Cristal, soit deux des films d'action les plus imposants de tous les temps? Oui, oui, on parle bien de ça. Ça vous surprend, cette analogie entre Alice...et Last Action Hero? C'est compréhensible. Mais une chose est sûre, une fois que vous l'aurez vu, cette association vous semblera si évidente que vous aurez presque honte de ne pas l'avoir prise au sérieux auparavant.
C'est bien simple: remplacez le miroir-qui permettait à l'héroïne de Carroll de changer d'univers- par un écran de cinéma, et vous n'y verrez presque que du feu. J'ai dit presque car il faut bien avouer que la petite fille innocente a été..."adaptée" à l'année 1993. Elle a ici les traits d'un petit garçon fort en gueule, féru de cinéma. En effet, Danny Madigan semble plus intéressé à l'idée d'assister aux projections de son héros Arnold Schwarzenegger (oui, lui même) qu'à aller étudier. Un jour, son ami projectionniste lui remet un "billet magique" pour voir le dernier volet de la saga d'action Jack Slater (avec, vous me voyez venir, notre ami Schwarzie). Une séance plus vraie que vraie pourrait-on dire, vu que Danny se retrouve très vite projeté dans l'univers de son héros. Et devient rapidement une énigme pour Slater (le personnage dans le film, que joue Schwarzie dans la vraie vie...vous suivez?). Mais également pour les méchants qui sont aussi surpris que le héros par le fait que le jeune garçon en sache autant sur eux.
Soyons clairs: le fait d'avoir vendu la nouvelle œuvre de McTiernan comme un film d'action fut la plus grosse erreur des producteurs. Tant cela ne pouvait que déstabiliser les fans, venus pour avoir leur "dose" de testostérones et d'explosions, et qui ont plutôt assisté à une parodie de leur genre de prédilection. Le réalisateur culte prend un malin plaisir à faire baigner ses personnages dans un univers littéralement absurde, où se croisent Catherine Tramell (Basic Instinct), le T-1000 (Terminator 2)...et un chat détective. En plus de se montrer très ironique ou affectueux envers les films qui ont parsemé la carrière de Schwarzenegger, Stallone et Cie (il y a également des références à Die hard et à l'Arme Fatale), le film délivre également une réflexion plutôt subtile sur le choc des univers (réel vs artificiel).
En ce sens, on ne peut qu'en être reconnaissant à McTiernan et l'acteur autrichien d'avoir eu le courage de tirer eux mêmes à boulets rouges sur un genre qui les a pourtant mené au sommet. Le script brillant et original en diable (signé entre autres par Shane Black) se révèle peu avare en scènes absurdes et répliques cultes. Il parvient même à rendre émouvant ce duo entre le petit garçon et son héros, offrant une mise en abyme plus que lucide sur le cinéma. Un grand film, mésestimé à sa sortie mais qui a trouvé une seconde vie en vidéo. Les grands héros ne meurent jamais. Par conséquent, les grands films non plus.