J'ai horreur qu'on s'appelle Lawrence, y'a que les marins et les pédés qui s'appellent Lawrence !
Derrière une esthétique indéniablement travaillée et un hommage appuyé à l'homme, Lawrence d'Arabie dissimule pour moi des faiblesses qui l'empêchent d'accéder au statut de film d'exception, d'oeuvre de légende ainsi que beaucoup le consacrent.
Les paysages splendides compensent seulement en partie la longueur (looooooooongueur) de certaines scènes, notamment les innombrables et interminables traversées du désert.
J'entends bien qu'on tourne ici autour du sujet central du film, mais enfin lorsqu'un film affiche fièrement une durée de plus de trois heures, il est de bon ton que celles-ci soient utilisées à bon escient.
Il ne s'agit pas non plus de cracher sur le genre contemplatif dans son ensemble, juste qu'ici à mon sens c'est mal dosé.
De la même façon, et ce point comme le précédent s'expliquent sans doute en partie par l'âge de la bobine, la réalisation académique confine parfois à l'autisme.
Les plans sont tellement soignés, millimétrés que cela en devient par trop artificiel, je me rappelle notamment avoir été frappé par une scène où la disposition symétrique des personnages dans l'image faisait (un peu trop) penser à un tableau.
Encore une fois comme pour les panoramas tout ceci est fort agréable à l'oeil, mais on fait ici du cinéma pas de la peinture, et je reste dubitatif quant à l'intérêt à long terme de s'imposer un tel carcan.
Et puis, hormis les longueurs elles-mêmes, l'harmonie de l'ensemble est considérablement alourdie par la répétition des situations.
En outre, et là on parle plutôt du fond que de la forme pour le coup, j'ai trouvé le héros relativement antipathique, ce qui ne contribue pas à rendre l'issue haletante. Je me suis moins senti concerné par son combat que cela a pu être le cas pour d'autres films à la dynamique similaire.
Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain, Lawrence d'Arabie est magnifique, la musique de Jarre le sert à la perfection et les acteurs sont pour la plupart très bons (à l'exception notable du rôle titre, malheureusement, en particulier son visage moulé dans du silicone).
Le sujet proprement dit constitue pour moi un territoire inexploré, l'histoire coloniale anglaise m'étant relativement inconnue, et comme souvent ce côté pédagogique est bienvenu dans un film.
Maintenant, je concède sans honte avoir parfois décroché, lassé par l'aspect sand movie (road movie sur le sable. Non ? Vraiment ?).
Cela ne m'empêche pas d'apprécier le travail dans sa globalité (cf ma critique sur Apocalypse Now, où j'avais fait une remarque similaire ce me semble), n'en déplaise à certaines pandettes taquines.