"Les illusions ont parfois un grand pouvoir."

Voici le troisième film de David Lean que je visionne, et je remarque ma tendance à ne pas aimer ses productions. Alors, oui, je sais, David Lean est une légende du cinéma, oui il a réalisé des œuvres majeures (dont fait partie celle-ci), oui c’est l’un des plus grands réalisateurs de l’histoire du 7e art, OK, mais apparemment tout le monde n’est pas sensible à sa pâte, et je suis justement l'une des exceptions qui confirment la règle, et je le regrette sincèrement... Du coup, je dois m’en défendre, car je suis face à une avalanche d’éloges que j’ai bien du mal à comprendre (et j'espère que ceux qui liront ma critique seront indulgents avec moi, oui, oui, j'ai l'impression de partir au casse-pipe en écrivant ces mots). En effet, c’est plutôt rare en ce qui me concerne, mais je suis cette fois-ci en parfait décalage avec la moyenne spectaculaire de SensCritique.


J’avais apprécié "Brève rencontre", même s’il ne m’avait pas franchement remplie d’enthousiasme, je n’avais pas du tout aimé "Le Pont de la rivière Kwaï", que j’avais trouvé naïf, et enfin, j'avoue que j'ai dû m'accrocher pour parvenir jusqu'à la fin de ce "Lawrence d’Arabie", qui m’a énormément ennuyé.
Mais je ne lui ferais pas l’affront de lui attribuer une note indécente, car je comprends les raisons qui l’ont hissé au rang de chef d’œuvre, toutefois, je dois tout de même rester honnête avec moi-même, car je suis complètement passé à côté de cette œuvre qui m’a laissé parfaitement indifférent.


Je vais commencer par énumérer ce qui m’a plu dans ce film, car il y a tout de même des aspects que j'ai trouvé satisfaisants. J’ai adoré les paysages, à couper le souffle, l’ambiance visuelle et surtout sonore du film, avec une bande-son envoutante (même si le thème principal du film, inspiré du fameux Concerto pour piano d’Edouard Lalo, tourne un peu trop en boucle à mon gout). J’ai aimé la dimension historique de l’histoire, le fait qu’elle soit inspirée par des événements et des personnages réels est très intéressant et instructif. Aussi je n'ai pas manqué l'occasion de me renseigner sur cet étonnant personnage.


Malheureusement, ce sont les seuls aspects de l’œuvre que j’ai aimée. Et pour être franc, j’ai même détesté tout le reste. L’histoire, pour commencer, s’éparpille et manque d’intensité. Je vais être franc, j’ai perdu le fil et j’ai complètement décroché tout le long de la seconde partie. Il faut dire que je m’étais déjà tellement ennuyé lors de la première partie que je ne me sentais plus du tout investi par ce spectacle. Ce qui nous amène à ce rythme prodigieusement raté. C’est bien simple, je n’ai absolument rien compris au schéma narratif de l’œuvre. Ça part dans tous les sens, ça ralentit, ça accélère, et au final, ça me perd. Le film est extrêmement long, trop pour ce qu'il a à raconter, en définitive. Tout cela aurait pu être synthétisé et sublimé d'une meilleure manière. Aussi l'action manque de punch, les scènes épiques ne le sont pas tellement. Le spectacle est comme un soufflé qui tombe à plat. Et quand vient le moment de la conclusion, je n'ai pas pu m'empêcher de penser: "Tout ça pour ça!"...


Mais il y a eu un aspect encore plus rédhibitoire que tous les autres. Le casting et surtout la performance des acteurs. Déjà, je dois dire que j’ai trouvé ridicule de voir des acteurs américains brimés en arabe. Le casting aurait au moins pu faire l’effort de prendre des acteurs qui fassent illusions, je pense surtout et notamment à Alec Guinness dans le rôle du Prince Fayçal, qui, il faut le dire, n’est pas crédible une seule seconde avec ses yeux bleus et son mascara sur les cils. Je l’ai trouvé visuellement grotesque. Pire encore, la performance de Peter O’Toole est d’une médiocrité abyssale. Entre exagération et pathos, l’acteur gâche complètement la crédibilité du spectacle. Je dois insister fortement sur ce premier rôle, parce que j’ai vraiment le sentiment que c’est à cause de lui, avant toute autre chose, que je suis passé à côté de ce film. C’est bien simple, pas un seul instant, son jeu ne m’a semblé réaliste. Par ailleurs, je l'ai trouvé peu charismatique, et même très quelconque. Une véritable déception. Heureusement, Oma Sharif rattrape le coup, et livre une performance plus soutenue et surtout plus crédible. Je dois dire que je me suis raccroché à lui pour tenir jusqu’au bout. Je dois citer aussi Claude Rains qui était lui aussi une poignée de secours dans cet océan d'exagération.


Les scènes d’action étonnent par le nombre des figurants impliqués, et la complexité des plans, mais les trucages ne sont pas foufous, même pour l’époque. Je dois dire que l’aspect technique est plus satisfaisant que la narration, tout comme dans "Le Pont de la rivière Kwaï". À vrais dire, les deux œuvres partagent selon moi les mêmes qualités et surtout les mêmes défauts.


Il me faudrait encore voir "Le Docteur Jivago", "La Fille de Ryan" et "La Route des Indes" pour juger si c’est la touche de David Lean que je n’aime pas (apparemment, c’est le cas). Ce qui est certain c’est que je n’ai pas du tout apprécié ce "Lawrence d’Arabie". C’est une incroyable déception, car je pensais que j’allais adorer. Comme quoi les gouts et les couleurs, ça ne se discute pas… Moi qui d’ordinaire suis plutôt en accord avec la tendance de SensCritique, je m’étonne de constater à quel point ce film est encensé par les cinéphiles et l’effet inverse qu’il a eu sur moi (j’en viens presque à me demander si j’ai le droit de me considérer comme un cinéphile, haha)... Il est vrai qu’il est déroutant de se confronter à un chef d’œuvre majeur du cinéma et de constater avec déception qu’il n’a pas eu de prise sur vous. J’en suis frustré et j'en culpabiliserais presque… mais c’est comme ça, je n’ai pas aimé, que voulez-vous que je vous dise… Tout est suggestif.

Casse-Bonbon

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