Portrait pas autant hagiographique qu’il y paraît d’un véritable héros britannique, Lawrence d’Arabie est l’occasion pour David Lean de livrer un des plus grands films d’aventures qui soit et un pur chef d’œuvre. Du film, je n’avais que peu de souvenirs, si ce n’est quelques images et un très bon souvenir général (je ne l’avais vu que tout gamin).

Ce qui frappe, au premier abord, c’est que malgré ces plus de 3h30 de film, l’histoire n’est jamais lourde, jamais ennuyant, là où parfois la tendance actuelle consistant à devoir livrer de long film pour pouvoir prétendre être « sérieux » rend les scénarios souvent indigestes et comme composés d’une succession de scénettes aisément dispensable. Ici, toute l’histoire se déroule avec fluidité, sans que le spectateur n’ait l’impression que l’on essaye de tirer sur la corde. Tout juste la dernière demi heure pourra sembler parfois longue, cela étant sans doute du à la fatigue pointant dans le public. Mêlant manœuvre politique, soif des grands espaces et naissance d’une légende, Lawrence d’Arabie conjugue tout les éléments nécessaires à un grand récit, sans pour autant tombé dans la facilité.
La mise en scène de Lean est souvent qualifiée de lyrique. C’est en effet probablement le meilleur terme pour la définir. Le cinéaste démontre toute l’étendue de son talent pour conter son histoire. C’est une succession de plans tous plus beaux les uns que les autres, de véritables toiles de maîtres. Le plus remarquable est que jamais Lean ne passe pour un « poseur » ou pour quelqu’un qui « se regarde filmer », c’est-à-dire que chaque placements de caméra semblent une évidence, là où certains cinéastes ont parfois tendance à surappuyer leur mise en scène. Rien de tout cela ici, chaque plan crée l’émerveillement et nous place en quelque sorte dans la même situation que Lawrence, en émerveillement devant le désert.

Peter O’Toole trouve évidemment le rôle de sa vie, sa performance est d’autant plus époustouflante qu’elle fut sa première au cinéma. Omar Sharif en compagnon de fortune, qu’au départ tout oppose à Lawrence, est parfait. Anthony Quinn campe quant à lui le personnage qui pourrait sembler le plus démesuré avec celui de Lawrence, et insuffle toute sa folie à son personnage. Alec Guinness et sa classe toute british campe quant à lui le prince Fayçal. D’ailleurs, il faut noter que la distribution britannique pour jouer des arabes n’est, pour une fois, pas vraiment gênante, tellement les acteurs sont formidables.

Une merveille du film d’aventure, une épopée grandiose et inoubliable capable de nous réconcilier avec la puissance lyrique du cinéma, qui se fait un peu désirer ces temps-ci.
ValM
9
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le 28 janv. 2015

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