La fascination qu'exerce le désert sur le personnage principal est retranscrite dans la beauté des images - le sable n'a jamais été aussi bien filmé depuis - des cadrages - le premier voyage de Lawrence dans les immensités arides - des couleurs et de la musique de Maurice Jarre. Hélas avec les intérêts beaucoup moins romantiques des britanniques et d'autres nations (comme les français) cette découverte de la culture du désert sera pervertie et laissera place à l'ambition et au goût du sang (magnifique scène où Peter O'Toole, dont la djellaba blanche est couverte de sang, se regarde dans le reflet de son poignard).
Il y a clairement quelque chose d'ambiguë chez T.E. Lawrence: que cache-t-il derrière ses yeux trop bleus? En tout cas c'est évident après son passage entre les mains des Turcs, pas montrés sous leur meilleur jour. O'Toole est parfait en héros narcissique comme en homme blessé et cruel.
Ce film est la quintessence de l'épopée au cinéma: l'histoire très romancée satisfait le spectateur et son goût pour l'exotisme et ses envies de pureté et de grands espaces - comme le dit Lawrence le désert est "clean": propre, mais pas la convoitise des grandes puissances entre 1914 et 1918. L'homme n'est pas propre.
Les évènements décrits dans le film ont encore des répercutions de nos jours: il suffit de voir la poudrière qu'est encore le moyen-orient.