Le Bal des actrices par LuluCiné

Maïwenn allait-elle se laisser aller, après un film coup de poing, aux aléas de la comédie et perdre sa fraicheur ? Je vous rassure tout de suite, elle est toujours au top mais dans un genre différent.
Mêlant toujours fiction et réalité, elle écrit ses personnages en s'inspirant des actrices, tout n'est pas avéré mais on y croirait. Il faut avoir beaucoup d'humour et d'humilité pour oser se moquer de soi-même. Les petites piques du scénario qu'elle envoie sur chacune de ses comédiennes sont délectables et on se régale de voir des actrices à la fois proche et loin de leur personnage.
A la façon de François Ozon, Maïwenn entrecoupe le récit par des chansons toutes composées pour chacune des actrices par rapport à ce qu'elles sont. Elle s'est évidemment entourée de figure connue de la chanson pour l'écriture des textes.
Avec Le bal des actrices, la réalisatrice aborde la question cinématographique sur plusieurs aspects dans la façon de filmer. Que ce soit par le biais d'une caméra à l'approche documentaire, présente à l'écran dans les mains de la demoiselle qui a pour principale sujet les actrices. Une technique qu'elle employait déjà pour son premier film, elle relate d'ailleurs le processus de mise en chantier d'un film entre casting et plateaux de tournage.
Aussi par cette narration fluide où Maïwenn est filmée au même titre que les autres, apportant une sorte de mise en abime au film.
Ou encore par ce côté hollywoodien de la comédie musicale où la mise en scène apporte un éclairage différent et qui sublime ces actrices.
Les actrices justement, sous toutes leurs facettes, ont aussi beaucoup de recul sur elle-même en acceptant de jouer le jeu pour Maïwenn. Ajoutons qu'une des révélations du film, et plutôt surprenante car ce n'est pas une actrice, Joey Starr bluffe dans un rôle aux accents attendrissant et tellement naturel.
J'ai donc été ébahie devant ce film qui ne tombe pas dans le déclin des comédies populaires françaises (que Maïwenn souligne).
Son ton bouscule toujours les conventions, mais ici sur l'univers impitoyable des actrices.