Œuvre allemande de 1981 réalisée par Wolfgang Petersen, Das Boot dispose à l’époque d’un budget « Kolossal » de 32 millions de Deutsche Mark qui en fait l’une des plus grosses productions germaniques. Servis par de talentueux acteurs (avec en tête Jürgen Prochnow) évoluant dans un univers confiné très convaincant, il est l’un des plus grands succès international allemand.
Ce film décrit le périple du Capitaine Henrich Lehmann-Willenbrock et de son équipage patrouillant au sein du sous-marin U96 pour couler des convois de ravitaillement britanniques lors de la seconde guerre mondiale.
On suit le parcours de ces hommes dans diverses situations : avant l’appareillage dans une fête aux accents orgiaques, en chasse de convois, traqués par des destroyers et frôlant les abysses.
Ils traverseront un vaste spectre d’émotions : successivement euphoriques, ennuyés, tristes, angoissés, terrorisés.
Das Boot raconte l’histoire de nombreuses guerres : une jeunesse qui rêve d’un avenir radieux, prête au sacrifice mais qui réalisera qu’il n’y a rien de glorieux dans la mort. Et des vétérans marqués par les combats, qui ne comprennent plus leurs dirigeants et leurs idéologies.
L’illustration même de cette désillusion est le cynique discours du Capitaine Thomsen lors de la fête de départ, où lorsque ivre mort, il perd le contrôle de ses paroles en se moquant ouvertement d’Hitler.
L’équipage vit un huis clos inquiétant. L’univers sous marin n’est pas fait pour les hommes. Leur quotidien est synonyme d’obscurité, d’humidité, de promiscuité et de corps rongés par la vermine.
Ils devront en plus supporter le désordre, le bruit des machines et les sons de l’enveloppe de métal de leur navire qui mettent le froid à l'échine. Enfin, face à un ennemi que l’on ne voit et que l’on entend que de manière subreptice, le spectre de la peur est omniprésent.
Dans un tel environnement, l’unique façon de conserver la discipline et de faire quelques concessions à la rigueur hiérarchique : ici la camaraderie règne, pas d’uniformes réglementaires ou d’attitude rigide. Pourtant très rapidement on verra les vrais visages de la guerre : les barbes sont hirsutes, les teints sont blafards, les traits sont tirés par l’anxiété et les yeux sont rouges de fatigue.
L'équipage côtoiera la mort et verra en face l’horreur des combats : faire sombrer un navire est une chose, entendre les cris de douleur et de peur de rescapés en est une autre. Das Boot est une véritable plongée en angoisse et je ne peux que vous recommander de vous immerger quelques heures en compagnie du U96.