Albert Dupontel étant, d'après moi, un bon acteur et ayant souvent des rôles intriguant voire légèrement psychédéliques parfois et Jean Dujardin enchaînant les succès et les apparitions sur grand écran, "Le bruit des glaçons, me dis-je, est sûrement un bon film". Grossière erreur ce fut.

En effet, le concept même du film est très intéressant. Un homme, un ancien écrivain, depuis qu'il acquît une notoriété acceptable, se mit à boire et est devenu alcoolique depuis. Un beau jour, un autre homme, que lui seul peut voir, vient sonner à sa porte en prétendant être son cancer et a la capacité de faire évoluer sa maladie à son bon vouloir.

Je subodore que ce film est l'adaptation d'un roman, vu le thème, mais passons.

Tout d'abord, mettre en scène une maladie à l'image de l'homme apporte une bonne dose de réflexion sur laquelle je n'épiloguerai pas trop. Le fait que le cancer ne soit visible que par la personne qui en est victime la fait également passer pour folle auprès des autres, cette sensation, montrée sur grand écran permet de refléter ce que pourrait ressentir ces personnes qui sont victime de cette maladie. Elles se sentent affreusement seules malgré leur entourage du fait qu'elles savent que cette maladie est mortelle et progresse vite. Le problème, c'est que le film ne décrit pas cet aspect.

Ici Bertrand Blier ne fait que mettre en scène un alcoolique dépravé qui cherche sans grand enthousiasme à réparer quelques erreurs passées, à retrouver sa jeunesse perdue et son passé, à chasser d'éventuels regrets pour mourir en paix et surtout à chercher l'amour perdu. On pourrait penser que tout ceci peut donner un bon film, malheureusement le scénario est fouillis, parfois il semble même bâclé et dérive trop facilement sur des sujets inappropriés et inintéressants.
De plus, peut-être cela est-ce dû à une incompréhension de ma part, ou peut-être ai-je décroché au mauvais moment, mais il apparaît de nombreuses incohérences durant le film. En effet, progressivement les maladies (qui seront, si j'en crois le film, au nombre de 2 cancers) seront visibles des autres personnes. Par leurs faits et gestes, on pourrait penser que si un personnage voit l'entité maladive (le cancer sous forme humaine), cela voudrait dire que ce personnage a attrapé lui aussi cette maladie. Mais dans ce cas, pourquoi n'y a-t-il que 2 "cancer" (un cancer pour l'écrivain et un pour sa servante) qui se manifestent et pas un par personnage? D'autant que les cancer étant constamment présents aux côtés du personnage porteur de celui-ci, les autres devraient voir le "cancer" tout de suite et tout le temps ou jamais, alors que là, c'est quasiment aléatoire, ou du moins désordonné par rapport aux actions qu'entreprennent les dits-personnages, ce qui efface toute logique.

Par ailleurs, j'ai noté une chose très perturbante et surtout incompréhensible, à plusieurs reprises nous avons une image qui apparaît à l'écran, le portrait d'une femme, mais aucune explication par la suite. De même que plusieurs personnages et scènes sont simplement là pour meubler et ont une apparition uniquement pour éviter d'être un simple figurant.

La fin aussi est assez décevante. après un bon suspens mis en scène, on contemple le film en attendant patiemment de savoir ce qu'il se passera. Le plan étant de battre les cancers à leur propre jeu, je me disais que le film apporterait une théorie ou une possibilité de combattre ces maladies incurables mais non. Leur plan est tout bonnement idiot, la mise en scène est un échec (même si son amateurisme est voulu je pense) et ça n'a strictement aucun sens.

En revanche, Albert Dupontel est un excellent acteur qui a su donner un caractère à son personnage. Jean Dujardin cette fois-ci se laisse jouer plus qu'il ne joue. J'ai trouvé Anne Alvaro franchement médiocre, et excepté Emile Berling, qui s'est plutôt bien démarqué dans son jeu d'acteur, les autres sont presque risibles pour la plupart.

Bref, un concept très intéressant mais dont la réalisation s'est complètement dispersée en présentant des aspects vachement perchés et pas plausibles pour deux sous (par rapport au thème de base j'entends). Ça touche effectivement le dramatique mais ça ne suit pas de logique, ce qui rend le film plus ridicule que sérieux.
Notry
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le 12 juin 2012

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Notry

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