Quatrième volet de la série de films Freddy, Le cauchemar de Freddy, faisant suite aux Griffes du cauchemar, est reprit par Renny Harlin. On pensait en avoir fini avec le boogeyman. C’était mal le connaitre. Grâce à un chien naïf du nom de Jason, urinant sur ce qu’il reste de ses ossements, Freddy Krueger ressuscite et continue son jeu de massacres des derniers survivants d’Elm Street. Eternel recommencement ou tentative de renouvellement ?
C’est cool d’apprendre avec Freddy
Grève des scénaristes, le réalisateur Finlandais Renny Harlin débarquant seulement quelques mois avant le début du tournage, modifications du scénario par de nombreux membres des studios New Line, Patricia Arquette refusant de reprendre son rôle pour laisser sa place à une actrice peu expressive, ça commençait déjà bien mal pour Le cauchemar de Freddy, quatrième chapitre des aventures du boogeyman griffu. Allait-on se retaper un sous produit indigeste comme l’avait été « La revanche de Freddy » ? Vous pouvez déjà souffler, ça ne sera pas le cas. Attention, ça ne sera pas pour autant un chef d’œuvre mais ça aura le mérite de vouloir renouveler la franchise. Retour des personnages du film précédent, arrivée de nouveaux, évolution de l’antagoniste, rafraichissement de l’histoire, Freddy quatrième du nom entend bien offrir un plat différent de ces autres homologues, quitte à se mettre à dos ceux qui voulaient un plat similaire aux chapitres 1 et 3.
Kristen, la jeune adolescente internée dans un asile lors du chapitre « Les griffes du cauchemar » revient, tout comme ses amis Roland et Joey (dorénavant bien bavard). Tous les trois tentent de se faire une nouvelle vie. Kristen, qui pouvait attirer n’importe quelle personne souhaitée dans ses rêves, se voit devenir l’amie d’une lycéenne, Alice, possédant elle aussi un don qui ne faudra pas négliger : elle arrive à contrôler ses cauchemars. Soucis de taille, la remplaçante de Patricia Arquette fait peine à voir à l’écran. Heureusement pour vous, vous ne supporterez pas très longtemps son jeu plus que médiocre.
En mourant, Kristen donnera une partie d’elle à Alice : son pouvoir. A mesure de l’avancement de l’intrigue, on s’apercevra qu’Alice change à chaque mort de ses camarades, récupérant leurs capacités et des traits de leurs personnalités. De fille un peu gourde jouant la servante d’un père alcoolique, Alice devient une fille de caractère qui en a dans la culotte. Joli développement pour ce personnage attachant. Si on devait jouer les tatillons, on pourrait critiquer le jeu en demi teinte de l’actrice et son affrontement final un brin craignos. Alice, qui a récupéré les aptitudes de la dernière victime de Freddy, se la jouera bad ass.
Souris, personne n’est mort.
Il va juste vous prendre un peu de sang
Contrairement à son confrère, Chucky, la poupée, Freddy ne finira pas comme un méchant grotesque jouant le pitre et ne faisant plus peur. Tout en continuant de nous foutre les chocottes, Freddy soigne maintenant ses entrées, continue de s’amuser à zigouiller ses victimes, le tout servit part un humour noir prenant de plus en plus d’ampleur. Ressuscité, il voit une chance de terminer ce qu’il a commencé, tout en changeant sa manière d’attaquer. Ca parodie Les dents de la mer, ça épluche une pomme avec ses griffes, ça mange des boulettes de viandes vivantes dans sa pizza diabolique (les boulettes étant les âmes torturées des enfants qu’il a tué), ça embrasse avec la langue des lycéennes coincées, ça lance un petit pique à Seth Brundle de La mouche, ça se permet même de se la jouer Thug Life à la David Caruso.
Tout ça aurait pu faire tomber le méchant iconique dans les méandres du mauvais gout, du grand guignolesque, détruisant à vie son image de type effrayant. Ca ne sera pas le cas. On veut juste faire évoluer le personnage. Freddy son job c’est faire flipper et trucider ses victimes pour récolter sur son bidon leurs âmes (cet opus nous montrant enfin comment il procède). Mais, par moments, il se la joue décontracte, prend la vie du bon coté parce que oui, finalement, ça a du bon d’être le maitre invulnérable des rêves.
Le croque-mitaine, héros malgré son statut de méchant, omniprésent, ne se cachant que très peu (depuis le chapitre 1, on nous l’a fait plus !), ne manque pas de créativité dans ce quatrième épisode, trouvant toujours une manière originale et diversifiée pour faire trépasser ses victimes. Transformer un waterbed en piscine, pour vous noyer dedans après vous avoir appâté avec une jolie sirène nue, c’est possible pour lui. Visuellement, Renny Harlin voulait explorer certaines de ses peurs. C’est une réussite, on multiplie les scènes d’action, on jongle entre animatronique et effets spéciaux, faisant de cet opus l’un des plus charmants de la franchise.
Une occasion donc en or pour Harlin de jouer sur le fait que les rêves et les cauchemars que nous faisons sont souvent absurdes quand on y repense. Le réalisateur s’en donnera donc à cœur joie. Vous le verrez, ce quatrième épisode n’est pas radin question morts. Plus de 6 victimes au compteur, les fans amateur d’hémoglobine seront aux anges enfin plutôt…aux démons. Exit le thriller d’épouvante, A nightmare on Elm Street devient un slasher SANS dénaturer Krueger. Pas sur néanmoins que ce changement de ton ça plaise à tout le monde.
Tu viens de m’assassiner chère mère, gardes ça pour ton infaillible
thérapie.
Au final, Le cauchemar de Freddy n’est pas si mauvais. Bon rythme, plein de scènes d’action surréalistes, des nouveaux personnages sympathiques, de l’humour noir, des nouveaux décors charmants, un Freddy évoluant, des meurtres inventifs additionnés à de très bons effets spéciaux, une chanson d’intro kitsch mais endiablée, une belle idée de renouvellement de l’histoire. On est loin des Griffes de la nuit, ça reste néanmoins largement supérieur au chapitre 2. Fun et macabre, on ne demandait rien de plus. Demeure une question sur notre ami griffu : Va-t-il enfin reposer…en enfer ?