Je dois avoir un problème.

Non, je n'ai pas détesté Le Choc des Titans. Je m'attendais pourtant à cracher ma haine sur ce que j'estimais être une bouse intersidérale que je regarderais en pilote automatique entre deux rires nerveux.
Rien de tout cela. Je pense avoir été sauvée de ce genre de réactions pour plusieurs raisons. D'abord, sept ans ont passé entre la sortie du film et mon visionnage. Sept ans, c'est beaucoup, et entretemps mon côté "je bâche pour bâcher parce que ça a l'air nul lol" a largement eu le temps de prendre une tisane sérénité et de se poser un peu. Ensuite, parce que je reste quelqu'un de curieux, d'extrêmement déçu par la tournure du péplum au cinéma depuis Troie (qui reste à mes yeux le dernier péplum acceptable avec Gladiator - courte liste, hein), mais qui ne peut s'empêcher finalement de chercher à savoir ce qui cloche avec le genre et sa rencontre avec le XXIe siècle.

Je crois préférable de commencer par les points qui, il est clair, me sont restés en travers de la gorge. Les costumes sont ignobles et parfois à la limite de l'anachronisme. Je parle surtout de ceux des dieux, dont les toges à paillettes auraient de quoi éblouir Gilbert Montagné, et m'ont tiré (au moins pour cette fois) le fameux rire nerveux susnommé. Il y a quelque chose qui ne va pas dans ce Panthéon. Sûrement parce que 95% des dieux à l'écran sont incarnés par des acteurs de seconde zone, voire des inconnus. Quant aux autres... Ralph Fiennes s'est mis, lui, en pilotage automatique, déblatérant son texte sans conviction. Pour Liam Neeson, si quelques scènes parviennent à convaincre, le reste n'est que froncement de sourcils ou sourires en coin débiles qui m'ont fait marmonner dans ma barbe (cette barbe qui lui fait cruellement défaut d'ailleurs - elle est où la grosse bebar de Zeus, là ?). Je ne parle pas des réécritures mythologiques souvent absurdes dont le film est friand, les incohérences dantesques (qu'est-ce qui empêche Hadès de tuer Persée dès le départ ? ; comment Persée peut-il exploser le dieu des morts en dix secondes parce que vite faut boucler le film ? ; réellement ? La scène où le héros apprend à se battre à l'épée en 5 minutes ? Réellement ? Bon je sais que c'est Mads Mikkelsen qui lui apprend, mais quand même), le troupeau de Pégases avec le mâle Alpha noir (je crois que ça m'a tué sur le coup), le non-sens dans le design du Kraken, la bande-son d'une platitude inouïe et le manichéisme propre aux codes du blockbuster américain. Et non, je ne parlerai pas de Mouloud Achour.

Alors pourquoi cinq, me diriez-vous ?
Peut-être parce que j'ai d'ores et déjà compris qu'il ne servait à rien de chercher dans ce film de la "vraie" mythologie. Le Choc des Titans, loin d'être le remake digne de ce nom que beaucoup paraissaient attendre, se sert de la mythologie comme d'un prétexte pour divertir un bon public, avide de héros sortant de nulle part, de demi-déesses bien roulées et de créatures de synthèses qui n'ont qu'une seule envie : buter des gens. Pour une fois, j'ai consenti à poser mon cerveau et à me laisser uniquement porter par les sirènes du divertissement. Non pas pour me détourner de la mort (haha référence, wesh, tavu), mais juste parce qu'une partie du casting, malgré tout, fait bel et bien rêver. Mads Mikkelsen pourrait jouer dans n'importe quoi qu'il ferait gagner quelques points d'estime à son film, Sam Worthington est juste assez viril, bourru et badass comme on l'attend d'un héros de ce type, Gemma Arterton est ravissante dans le rôle d'une Io heureusement réécrite pour elle (même si Gemma Arterton transformée en vache ça m'aurait bien fait marrer), c'est toujours un plaisir de voir jouer Liam Cunningham, etc. Le manque de classe du Panthéon semble donc bel et bien compensé par un groupe de "mortels" sympathoche, parti en mode Communauté de l'Anneau accomplir sa quête et tout le toutim. Et je m'en fous des Djinns qui ont pas à être là. Je m'en fous de la malhonnêteté consistant à intégrer discrétos des éléments chrétiens dans un récit sur la mythologie grecque. Je m'en fous parce que je le vois. Parce que je ne me sens pas prise pour une conne : le film n'essaie pas à une seule seconde de se montrer subtil.
Une fois le concept accepté, l'ambiance reste conforme à ce qu'on attend d'un film à grand spectacle. Un effort de recherche a été accompli dans le design de certaines créatures et dans la maniabilité du Pégase (qui aurait pu très vite tomber dans le grand-guignolesque). Ceux qui hurlent à la caricature sont dans leur bon droit, mais attendre de Hollywood une retranscription totale de l'histoire bordélique de Persée en 2010...

Il fallait être bien naïf.
Allez, j'suis sympa, ça valait bien ses 106 minutes de visionnage.