Il y a peu, je discutais avec ma chère et tendre de la bonne manière de préparer une salade composée. Vous me direz "On s'en fout" mais attendez, le contexte est important. J'avais décidé de déroger à ce qui est devenu pour moi plus qu'une habitude (à ce niveau-là de pratique, on pourrait parler de style de vie) en ajoutant à ma salade habituelle un ingrédient nouveau: le concombre.


Pour ceux qui l'ignorent, et il y en a sans doute, à commencer par moi-même quand j'ai commencé à écrire cette critique, e concombre est une plante potagère herbacée, rampante, de la famille des cucurbitacées et consommée comme un légume. C'est aussi un des rares aliments dont ma chère et tendre (encore elle) a horreur. Donc je profitai de l'occasion qui m'était donnée de préparer à manger pour ma petite personne uniquement pour mettre du concombre dans ma salade. Avant de jeter les dés verdâtres et gorgés d'eau sur le beau parterre formé par le riz blanc, 3 tranches de jambon découpés en carrés d'1cm de diamètre environ, de dés de cheddar, d'un demi-poireau et d'une tomate en lamelles, une question me vint à l'esprit:
"Mais au fait, ma chère, pourquoi hais-tu le concombre à ce point?"
Ce à quoi elle me répondit, à peu près:
"1) parce que c'est pas bon et tout visqueux, et 2) parce que quand on le met, même en petite quantité, avec d'autres aliments, ceux-ci prennent immédiatement et irrémédiablement le goût du concombre."


Je dois en convenir, ce deuxième argument a changé ma vie. D'abord parce que je ne m'étais jamais fait cette réflexion, qui pourtant est tout à fait juste (essayez un peu pour voir le mélange tomate/ concombre, même avec beaucoup de vinaigrette, on sent vachement le goût du concombre), ensuite parce qu'elle a soulevé en moi un fort sentiment d'interrogation: c'est quoi, le goût du concombre? Jusqu'alors, j'avais considéré cette courge comme une sorte d'équivalent légumineux de la pastèque: un truc rafraîchissant parce que plein d'eau, mais sans réellement d'autre caractéristique intrinsèque. Sauf que j'avais tort: le concombre a un goût, subtil certes, mais un goût tout de même, un goût pas très bon d'ailleurs maintenant que j'y réfléchis. Et ce légume à la texture presque lovecraftienne tant elle est visqueuse, transmet ce goût étrange et légèrement déplaisant à tout ce qu'il touche, tel un pestiféré gustatif.


Aucun rapport avec Le Choc des Titans, me direz-vous? Au contraire, il y en a un, et il est crucial! Ce qui m'a toujours perturbé, dans ce film, c'est que si on regarde le projet sur le papier, tout va bien: un remake avec de meilleurs effets spéciaux d'un classique du péplum qui était plutôt original pour l'époque et pas trop dégueulasse, un acteur principal relativement charismatique qui a fait ses preuves dans Avatar, de bons voire très bons acteurs pour les rôles secondaires (la classe de Liam Neeson et de Ralph Fiennes pour les deux frères "ennemis" de l'Olympe, Mads Mikkelsen mon petit choupinet qui est génial quoiqu'il fasse, Gemma "corps de rêve" Arterton en love interest de service...), une plâtrée de monstres mythologiques qui auraient pu donner des scènes intéressantes... Tous les ingrédients étaient là pour une très bonne série B, voire (qui sait!) un bon film!


Mais voilà, il a fallu qu'on ajoute du concombre. Et ce putain de parasite a ruiné tout le projet. Et ce concombre, il a un nom: Luc Besson.


"Quoi? Mais que vient-il faire là, lui? Il n'a rien à voir avec le film!", vous insurgez-vous (enfin, les rares qui s'accrochent à la lecture de cette critique boursouflée). Et vous avez raison. Enfin, partiellement: le réalisateur de cette bouse qu'est Le Choc des Titans 2010 est un certain Louis Leterrier, dont la filmographie oscille entre le très mauvais (Le Transporteur 1&2), le mauvais (Insaisissables) et le pas complètement nul mais pas ouf non plus (L'incroyable Hulk). Et qui a appris son boulot à ce cher Louis Leterrier, qui l'a pris sous son aile balourde alors qu'il n'était encore qu'un jeune assistant réal' boutonneux, plein de rêves et de boutons d'acné? Ben oui, Besson. Et comme notre cher Besson est un concombre, et donc une courge fourbe et rampante (c'est pas moi qui le dit, c'est Wikipédia), il a suffit d'un contact avec ses tentacules (qui est un nom masculin, contrairement à testicule, pour ceux qui en doutent encore) pour détruire à jamais les chances du pauvre Louis. Ergo, les daubes sus-citées, et celle qui nous intéresse ici (ou plutôt, soyons honnêtes, qui ne nous intéresse pas): Le Choc des Titans, version 2010.


Moralité: Le mieux étant l'ennemi du bien, évitez le concombre dans vos salades juste pour "faire original". Mieux vaut s'en tenir aux bonnes vieilles recettes, elles ont fait leurs preuves.

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le 12 avr. 2015

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Ruhenheim

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