Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

Il est une heure du mat. Et je sais toujours pas comment je vais faire pour rentrer chez moi. Satanés bus qui arrivent jamais quand il faut. J'attends dans l'illusion de le voir arriver, et je repense à la merveille que je viens de voir. Je me dis qu'il s'agit surement du meilleur film de Takahata, son chef d'oeuvre ultime. Je me rappelle de la claque que je me suis pris pendant tout le film, surtout au tout début et à la toute fin. Non, tous le long en fait.


En voyant des ados en train de rouler tout bourrés sur un cadis orné d'un drapeau français, je pense à la note que je vais mettre au film. 8. 9. 10 ? Non pas 10 quand même, mais ce film est parfait. Enfin je ne lui trouve aucun défaut. Je n'ai perçu aucune longueur. Nada. Enfin ça a pas dû être le cas de mon voisin de salle, qui a ronflé à trois reprises, il en a loupé des beaux moments lui. Rien qu'à voir cette séquence aérienne somptueuse, c'est vraiment dommage de manquer ça , c'est si magnifique. Le film est vraiment varié dans sa construction est s'en est très agréable. Parfois lent, très dynamique, grave, burlesque, épique même, s'endormir devant un tel film représente pour moi un mystère plus ou moins total. 2H20 de merveilleux.


Bref, je rebrousse chemin et j'essaie de retrouver cette foutue gare pour y trouver un taxi, l'idée de dernier recours. Je repense au dessin si particulier du film. Je n'arrive pas à dire si il est simple et même enfantin dans le style d'un « Mes voisin les Yamada », ou complexe comme Pompoko. Ces personnages sont si uniques; travaillés, ces traits si précis et vifs. J'adore quand le dessin s'emballe, qu'il ne reste pas à une place bien précise. Le dessin libre quoi, réellement vivant. Comme le court métrage « Crac ! » qui a inspiré Takahata dans sa recherche esthétique (https://www.youtube.com/watch?v=xsWU-nksQWA).


Merde, pas de taxi, je vais devoir en appeler un qui va mettre au moins dix bonnes minutes pour débarquer. Mais je me souviens du thème du film. Qu'a t'il voulu me dire ? Beaucoup de choses en fait, avec une subtilité certaine. Je ne vais pas tout vous dire, parce que d'abord des choses ont pu m'échapper, et surtout parce que c'est le film lui même qui doit vous parler après tout. Mais je vois que Takahata a bien raison quand il dit qu'il n'aime pas réduire son film à un simple conte : il parle avant tout de l'homme et de ses désirs absurdes liés à ses traditions. Son contenu ne manque pas de spiritualité, le monde d'en haut est aussi abordé, avec cette supériorité suprême qu'il exerce sur notre monde à nous, sans que l'on s'en rende compte.


Et ben le voilà qui arrive, ouf je vais pouvoir rentré pas trop tard, il est 1H30, ça va. Par contre il est chiant à pas m'adresser la parole ce chauffeur. Bon tant pis ça me laisse du temps pour réfléchir, avec ces musiques tout droit sortis des eighties. Bien loin de celle de Joe Hisaishi, qui offre un travail hallucinant, pour sa première collaboration avec l'animateur. A la fin c'était tellement … divin, j'en reviens pas. Mais ce qui m'a le plus plût dans cette bande son, c'était la langue. J'ai du prendre la séance la plus tardive pour le voir en version original, mais ça vaut le coup ! Une image aussi traditionnel et encré dans le Japon, ne peut être qu'accompagné par cette langue. Comment cette poésie peut elle s'exprimer en français ? Et en anglais j'imagine même pas le massacre … C'est si beau, doux, enfantin, agréable à l'oreille. Le japonais. J'en tombe de plus en plus amoureux. Faudrait que je l'apprenne un peu un jour.


Le prix de la course fait vite monter le coût de la soirée. Autant d'argent pour voir un film, c'est pas tous les jours que ça me prend. Mais bon je suis enfin rentré chez moi. Ce film était tellement génial. Ça me fait chier cette histoire de bus. Mais bon pour ce film, c'est pas bien grave. J'étais prêt à tout pour le voir dans les meilleures condition, conscient qu'il n'allait pas me décevoir. Parfois c'est bien de faire entièrement confiance à des cinéastes. Faudrait que j'en parle dans ma critique.

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le 1 juil. 2014

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Dröm

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