Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

On ne le dira jamais assez, mais il existe une synergie avec les films GHIBLI. Une sorte d'osmose devant laquelle on peut tous rester ébahi sans l'avoir été pour les mêmes raisons, sans avoir été interpellé par les mêmes effets visuels. Une interprétation ouverte dans un conte codifié, elle est peut-être là la force principale à mes yeux.

Aussi, par ce simple constat à la portée de toutes et tous, il m'est toujours difficile de parler de qualités "émotives" tant celles-ci peuvent osciller. Surtout quand le film en substance tient sur plus de deux heures.

Pour un autre motif, le nouveau né de Takahata inspire à perpétuer dans la tradition de ces histoires qui ne perdent jamais de leur vigueur comme la sève qui coule dans les végétaux. Kaguya gagne à être vu ni une, ni deux fois, mais autant de fois que notre coeur et notre esprit auront besoin d'être alimenter de ces petites jouissances intempestives. Kaguya -cette fois la princesse uniquement- est un personnage duquel les valeurs et les espérances qui ressortent ne nous échappent rarement pour qu'on puisse la comprendre elle, mais également le monde qui l'entoure.

Le conte suit une forme de linéarité que certains mortels ne pourraient pas consentir. Il ne faut pas attendre de grandes surprises ou de grands retournements de situations, les étapes de la vie de la princesse se veulent claires et détaillées, suivant à tour de rôle ses changements physiques et psychologiques. Là où le scénario peut sembler troublant et presque non-conventionnel se situe dans le travail d'immersion qui met en relation la bande-son, l'esthétique picturale et les thèmes sommaires que sont le surnaturel et l'amour. C'est aussi l'occasion de mélanger les cultures, et au détour de cette voie on assiste à un jeu lyrique qui prend une dimension symbolique au travers d'une partition impériale signée Hisaishi.

Par un moyen différent de ceux déjà abordés ici, Kaguya s'illustre à l'image d'une force de la nature portée par le mythe qui l'a fait jaillir et par les musiques qui l'enveloppent d'un voile tantôt triste, tantôt joyeux. Pas une force de la nature comme peut l'être le légendaire Goliath, plutôt celle qui, dans sa pleine plénitude, s'habit de pétales de fleurs et vogue jusque dans les limbes pour venir délivrer les souvenirs de ces éternels enfants aux jeunesses blessées, entravées ou lésées.

Pleurons, chantons, voyageons et, au-delà de tout, admirons. N'étant pas à mon aise quand il s'agit de faire des éloges, disons que l'union entre créativité et bonhomie que déploie Takahata est une évidence qu'il s'octroie pour dépeintre une critique sur l'échec d'un japon occidentalisé. L'échec d'une union entre Kaguya et les terriens.

On ne le dira jamais assez, merci Takahata pour ce moment de cinéma.
Eren

Écrit par

Critique lue 3K fois

86
10

D'autres avis sur Le Conte de la princesse Kaguya

Le Conte de la princesse Kaguya
Hypérion
8

かぐや姫

Isao Takahata réalise avec Kaguya-hime no monogatari une merveille visuelle. S'appuyant sur le meilleur des techniques d'animation dernier cri, son équipe accouche d'un défilé époustouflant d'images...

le 16 juil. 2014

104 j'aime

10

Le Conte de la princesse Kaguya
Eren
10

On en mangerait d'ces nuages !

On ne le dira jamais assez, mais il existe une synergie avec les films GHIBLI. Une sorte d'osmose devant laquelle on peut tous rester ébahi sans l'avoir été pour les mêmes raisons, sans avoir été...

Par

le 29 juin 2014

86 j'aime

10

Le Conte de la princesse Kaguya
SeigneurAo
9

Takenoko !

Le conte de la Princesse Kaguya est passionnant à plusieurs titres. Le plus évident est l'envoûtement visuel et auditif procuré tout au long de la séance. Première collaboration entre Takahata et...

le 12 juin 2014

67 j'aime

44

Du même critique

Babylon
Eren
10

Mille & une cuites

On le sait depuis quelques jours, le film de Chazelle a fait un gros bide pour son entrée au cinéma. Je ne vais pas m’étaler sur la question du pourquoi et du comment de ce bide, même si cela a...

Par

le 6 janv. 2023

124 j'aime

25

Les Sentiers de la gloire
Eren
10

La Fureur de l'Étranger

Je la tiens pour de bon. L'oeuvre de Stanley Kubrick la plus touchante et humaine. Pour moi j'entends... L'oeuvre qui, quand on me citera le nom de son réalisateur, me reviendra à l'esprit avant...

Par

le 8 févr. 2014

121 j'aime

7

Mad Max - Fury Road
Eren
8

POPOPO !!

Un putain de grand concert dans un monstrueux désert, flambé par le talent de confectionneur de ce cher Miller qui, au contraire d'être avantagé, aurait pu être surmené par l'handicap que génère ce...

Par

le 14 mai 2015

118 j'aime

5